Les équipes de milieu ouvert sont composées de psychologue(s), d'éducateurs, d'un directeur, d'un chef de service, de secrétaire(s), d'agent(s) de justice (emploi jeune), et de psychiatre vacataire éventuellement. Certains services bénéficient d'une supervision, à leur demande, par un professionnel extérieur : la nature des prises en charge, leur cadre, et l'histoire parfois douloureuse des services rendent parfois nécessaires cette régulation.
Le milieu ouvert assure les mesures ordonnancées par le Juge des Enfants (soit au titre de "l'enfance délinquante", soit de "l'enfance en danger"), ainsi que des mesures pénales concernant les mineurs (liberté surveillée, contrôle judiciaire...), mais aussi les mesures de protection de jeunes majeurs (dernier coup de pouce à l'insertion, à l'autonomie...).
Dans ce contexte, le psychologue intervient principalement dans les IOE, en tant qu'aide à la décision de l'équipe et du Juge, en réalisant des enquêtes de personnalité "selon les moyens qui lui sont propres". Ainsi, selon ses orientations théoriques, ses outils (entretien, tests...), il mettra en oeuvre une démarche visant à comprendre la dynamique interne du jeune (enfant ou adolescent), ainsi que la dynamique familial et sociale qui l'entoure, afin de mieux comprendre ses difficultés. Une évaluation de la santé physique est parfois mise en place quand le suivi sanitaire est inexistant ou peu efficace.
Le psychologue utilise alors les outils qu'il sait manier. Ainsi, le il contribue par son approche originale à la proposition éducative visant à aider le jeune à dépasser ses difficultés internes et externes. Une aide peut lui être apportée au titre du soutien, d'entretiens familiaux... Il m'est par exemple arrivé de réaliser un accompagnement d'une adolescente agressée sexuellement avant, pendant, et après le jugement de l'agresseur, afin qu'elle soit soutenue, qu'elle s'approprie son histoire, et commence à "liquider" le traumatisme.
Dans le cadre des AEMO (suivi éducatif réalisé par un éducateur, le psycho n'intervient pas systématiquement), le psychologue peut être amené à intervenir à la demande du jeune, du Juge ou de ses collègues. Il met alors ses compétences au service du jeune dans une perspective dynamique (contrairement à l'IOE qui n'est qu'une photo, un état des lieux, un bilan). Le cadre PJJ ne permet pas la mise en place d'une activité thérapeutique en tant que telle, mais les effets thérapeutiques de l'intervention du psychologue peuvent quand même exister ! Ainsi, à travers des entretiens, des activités... il peut créer les conditions pour faire "bouger " le jeune et le faire avancer vers l'appropriation de son histoire et l'autonomisation., l'aider à prendre la mesure de lui-même, le renarcissiser, comprendre un acte posé... Le psychologue peut aussi accompagner le jeune dans certaines démarches en le préparant à un entretien d'embauche, réfléchir à un projet de formation...
Une partie du travail en milieu ouvert peut aussi consister en un suivi des familles d'accueil, en les rencontrant périodiquement pour parler des jeunes, de leurs difficultés au quotidien, et de prendre du recul dans certaines situations. Le psychologue intervient aussi dans leur recrutement, et dans leur "formation" en organisant des réunions à thème (mieux comprendre l'adolescence, le passage à l'acte...).
Voilà une illustration non exhaustive de la fonction du psycho en milieu ouvert à la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Ma pratique se construit à mesure que le temps passe, va s'affiner, et s'articuler progressivement avec le cadre judiciaire dont les enjeux me dépassent parfois. Ce cadre d'exercice est particulier, et nécessite une réflexion permanente, pas uniquement sur la clinique mais sur sa continuité avec le judiciaire.