GUERIN Soazig



INTRODUCTION



J’effectue cette année mon stage dans un C.A.T.T.P. (appelé Maison Thérapeutique) à Créteil, qui accueille des enfants âgés entre 6 et 13 ans, psychotiques ou autistes, présentant donc des troubles graves de la personnalité et étant pratiquement tous en échec scolaire important. Toutefois, la spécificité du C.A.T.T.P. est d’essayer de maintenir une scolarisation de ces enfants (classe expérimentale, CLIS, IME...).

Les enfants partagent donc leur temps entre l’école et la maison thérapeutique, où ils viennent de 1 à 4 demi-journées par semaine pour participer à des groupes thérapeutiques divers auxquels participent pratiquement autant de soignants (psychiatres, psychologues, éducatrices, psychomotricien ou infirmière) que d’enfants.


Au cours de ce stage, j’ai participé à deux groupes thérapeutiques : le  groupe « Bonhomme » et le groupe « du Corps à la Lettre ».

Trois enfants participent au groupe Bonhomme dans lequel, à partir de médiations diverses telles que le dessin principalement, mais également la peinture ou la pâte à modeler, ils travaillent autour de la représentation humaine et de l’unité identitaire (image du corps ou représentations de relations).

Dans le groupe du Corps à la Lettre, les enfants peignent sur une grande fresque étalée sur le mur. Aucune consigne n’est donnée et en général c’est la psychologue qui débute la fresque. La peinture n’est pas vraiment figurative et, au-delà de ce qui est dessiné, sans que cela ne soit pour autant négligé, ce qui est pris en compte et travaillé, c’est la trace, le tracer, l’engagement du corps pris dans les mouvements du pinceau.

Dans ces deux groupes, j’ai donc pu observer de façon privilégiée ces enfants et leurs dessins. C’est ainsi que je me suis rapidement intéressée à la question du dessin de l’enfant psychotique.






L’intérêt clinique du dessin a été très tôt pris en considération par les psychanalystes.

Déjà FREUD évoquait les dessins de Hans représentant le « fait-pipi » de la girafe1 . Sans reprendre le cas du Petit Hans, nous devons dire que ce n’est pas FREUD qui a suivi l’enfant, mais c’est le père de celui-ci qui rapporte à FREUD ses observations. Les dessins n’ont donc pas été faits en présence de FREUD, qui ne portera pas grande attention à ceux-ci.

C’est Mélanie KLEIN la première qui va réellement s’interroger sur le rôle du dessin dans la cure psychanalytique pour l’enfant grâce à ceux de Richard1.

WINNICOTT reprendra ensuite le chemin ouvert par la célèbre psychanalyste anglo-saxonne avec ses Squiggles.

Le dessin de l’enfant est, depuis, un thème très souvent abordé et grandement étudié par des courants théoriques très divers : psychologie génétique et analyse développementale, approche culturelle avec l’ethnopsychiatrie, courant cognitiviste et donc également théories psychanalytiques.



Le dessin est donc un thème très vaste et il nous faut à présent préciser sous quel angle nous avons décidé de le travailler.

Ce qui m’a particulièrement intéressé dans l’expérience que j’ai pu acquérir au cours de ce stage, c’est de noter les attitudes et les comportements que les enfants pouvaient avoir pendant qu’ils dessinaient (grincements de dents, états d’excitation : Jean, au groupe Bonhomme, se « perd »parfois dans ses dessins, comme si ce qu’il dessinait devenait réalité : ceci est particulièrement frappant quand il dessine des motos, il reproduit alors les bruits « comme s’il y était ». Nous pouvons citer un autre exemple : le dessin du génie (dans la lampe d’Aladdin), que le psychiatre lui a d’ailleurs interdit de faire, tant Jean entre dans un état où il perd tout lien à la réalité, il gesticule, pousse des cris, et ne semble vraiment plus présent psychiquement).


Voici une série, non exhaustive, de comportements qui m’a interrogée sur le dessin, pas tant comme « produit fini » que comme processus, ou plus exactement comme acte, car pour reprendre ce que dit Robert CHEMAMA dans un article1 « Qu’on dessine (...) reste sans doute trop inaperçu derrière ce qui est dessiné, dans ce qu’on voit ».



C’est ainsi que plusieurs questions se sont posées, questions que nous avons décidé de traiter au cours de ce mémoire : qu’est ce que l’acte de dessiner peut représenter pour l’enfant psychotique ? Qu’est-ce qui est en jeu quand l’enfant psychotique prend son feutre ou son pinceau pour dessiner ? Quels sont les caractéristiques et les enjeux psychiques de cet acte ? La psychose interfère-t-elle dans l’acte de dessiner, et réciproquement, est-ce que dessiner peut avoir un rôle dans une éventuelle évolution de la psychose ? Finalement, quel peut être le rôle thérapeutique du dessin ?


Ces questions vont être traitées à partir d’une réflexion autour de la psychose, et plus précisément du Moi et de ses troubles dans la psychose. En effet, nombreux auteurs proposent des théories certes différentes, mais qui peuvent être néanmoins complémentaires, sur le Moi dans la psychose.

Selon la théorie freudienne, la psychose est le résultat d’un conflit entre le Moi, le Ca et la réalité, où le Moi, clivé, est confronté à deux attitudes psychiques « l’une, qui tient compte de la réalité, l’attitude normale, l’autre qui, sous l’influence des pulsions détache le Moi de la réalité »2 .

1 in Analyse d’une phobie chez un petit garçon de 5 ans (le petit Hans), in Cinq Psychanalyses, p.100

1 in La Psychanalyse de l’enfant


1 « L’acte de dessiner » in La Psychanalyse de l’enfant n°7

2 in G.W., XVII, p.133

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