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UNIVERSITE PARIS VII DENIS DIDEROT

Ecole Doctorale de Recherches en Psychanalyse

 

 

 

MEMOIRE DE DEA

« Les sexualités, Procréation, Périnatalité, Parentalité »

 

Le diagnostic anténatal : interrogations d’une psychologue à la maternité.

 

 

 

Présenté par Gael MALLE

Sous la direction de Jacques ANDRE

 

Année 2002-2003

 

Sommaire

 

 

Introduction…………………………………………..p.3

 

 

 

I. Le diagnostic anténatal : entre éthique et polémique...p.7

·        Historique.

·        Législation.

·        Interruption médicale de grossesse.

·        Conséquences sur le statut de l’embryon et du fœtus.

·        Médecine prédictive ou médecine du risque ?

·        Vers une dérive eugénique ?

 

 

II. Grossesse, obstétrique et diagnostic anténatal……..p.18

    • Le désir d’enfant.
    • La  grossesse.
    • L’angoisse de mort pendant la grossesse et la haine du fœtus.
    • Une médecine thanatophore ?
    • L’examen échographique.
    • L’annonce.

 

 

III. Quand la grossesse s’arrête.………………………p.33

    • La décision.
    • L’interruption médicale de grossesse.
    • Le deuil.

 

 

IV. Le couple à l’épreuve du diagnostic anténatal…….p.42

    • Le couple I.
    • Le couple S.
    • Le couple T.

 

 

 

Conclusion…………………………………………...p.51

 

Bibliographie………………………………………....p.53

 

Introduction

 

  En stage à la maternité de l’Hôpital St Antoine à Paris, j’ai été interpelée par les questions que posait un couple malheureusement concerné par la technique nouvelle du diagnostic anténatal.

 

  Ils ont une trentaine d’années, il s’agit d’une première grossesse, et tout se passe bien… jusqu’à ce qu’un bilan révèle que la future mère a contracté la toxoplasmose[1]. Rien de grave pour elle mais une inquiétude pour le bébé : si lui aussi est atteint, il risque de nombreuses malformations et handicaps tels la cécité. Un examen est pratiqué permettant de savoir si le fœtus est atteint ou de perpétuer le doute, mais il est impossible d’assurer sa bonne santé.

 

  Un délai de quinze jours est à prévoir pour connaître les résultats mais pour Madame le choix est déjà fait : « Enlevez-le-moi, je n’en veux plus ! Je ne veux pas prendre le risque d’avoir un enfant aveugle.» Monsieur, lui, n’est pas aussi catégorique, il peut laisser une chance au bébé. Cependant, le plus important est de soutenir sa femme et d’épouser son choix.

 

  Le médecin avise immédiatement le couple qu’une IMG[2] ne sera envisagée qu’en cas de certitude de l’atteinte du fœtus car dans le doute, le risque de malformations n’excéderait pas 3°/o (pourcentage équivalant au risque d’avoir un enfant malformé lors d’une grossesse normale).

 

  Madame, terriblement angoissée pendant l’attente du « verdict », espère que le résultat prouvera l’atteinte du fœtus puisque c’est sa seule « chance » de pouvoir arrêter cette grossesse. Depuis l’annonce de la suspicion d’atteinte du fœtus, elle l’a immédiatement désinvesti et redoute ses mouvements dans son ventre comme se le rappelant.

 

  Plus tard, j’apprendrai que les résultats étaient mauvais et que l’IMG avait eu lieu aussitôt.

  A partir de quels critères les médecins prennent-ils leur décision quant à la poursuite de la grossesse ? Pour quelles pathologies une IMG est-elle proposée ? Que dit la loi à ce sujet ? Dans quelle mesure les parents ont-ils leur mot à dire ?

 

  Pour répondre à ces questions, ma première démarche a été d’assister (dans l’espoir d’y participer) au staff de diagnostic anténatal réunissant obstétriciens, échographistes, sages-femmes, foetopathologistes, psychiatre, et pédiatres.

 

  Quelle fut ma surprise en découvrant l’ambiance toute particulière qui y régnait ! Contrairement au sérieux et au caractère académique des staffs généraux, le staff anténatal est marqué par les rires, la raillerie, les blagues à caractère sexuel et la parade des images de fœtus mal formés et atteints des plus grandes bizarreries. J’étais très gênée et très révoltée du manque de respect montré au patient et m’interrogeais sur l’attitude des médecins en consultations.

 

  Aujourd’hui, toujours choquée par certains propos tenus dans l’espace de confidentialité du staff, les témoignages des patients m’ont rassurée sur la qualité de leur prise en charge. Beaucoup manifestent en effet de la gratitude pour l’écoute et la patience des médecins et expriment le sentiment d’avoir été compris et en aucun cas jugés.

 

  Pourtant, les défenses maniaques mises en œuvre lors du staff dévoilent le malaise dans lequel le diagnostic anténatal et sa fréquente issue mortelle pour le fœtus met les médecins. Ces défenses sont peut-être même bénéfiques en leur permettant de conserver une pratique médicale de qualité.

 

  En quoi consiste le diagnostic anténatal ? Il permet le dépistage in utero de certaines anomalies du fœtus. Les procédés utilisés pour l’établissement de ce diagnostic sont l’échographie, l’amniocentèse[3], la ponction de sang fœtal[4], la biopsie du trophoblaste[5], le dosage sanguin maternel des marqueurs sériques[6] (bêta-HCG, alpha-foeto-protéine), les Dopplers utérins et ombilicaux[7], etc. 

 

  Ces examens sont pratiqués soit parce que l’un des futurs parents est lui-même porteur d’une anomalie chromosomique transmissible, soit parce que la grossesse se déroule mal ou a été précédée de plusieurs fausses-couches non expliquées, soit enfin parce que le risque de survenue d’une anomalie chez l’enfant – en particulier la trisomie 21 – est accru du fait de l’âge de la mère.

 

  Le diagnostic anténatal permet en outre la détection de certaines maladies du métabolisme, rares pour la plupart. Il est également prescrit dans les cas de maladies génétiques liées au sexe. En l’absence de toute thérapeutique in utero, le seul recours proposé en cas de diagnostic défavorable est l’interruption de la grossesse.

 

  La réalité est beaucoup moins simple comme le montre l’histoire du couple déjà cité : au désir de savoir s’oppose la violence des fantasmes et  la toute-puissance médicale à prédire se contredit avec son incapacité curative. La grossesse, promesse de vie, devient alors synonyme de mort et pire, de meurtre, de foeticide.

 

  Quels conflits psychiques le diagnostic anténatal engendre-t-il chez les futurs parents et chez les obstétriciens ? Génère-t-il un nouveau regard sur la grossesse ? Comment interroge-t-il notre éthique individuelle et celle de notre société ?

 

  Par éthique, j’entends l’art de diriger sa conduite. Ainsi, l’éthique suppose une prise de position du sujet dans sa singularité, réalisant un acte au plus près de la vérité de ce qui lui paraît le plus juste, sans qu’aucun jugement portant sur le bien et le mal n’intervienne. L’éthique s’enracine dans ce qui fonde le désir du sujet, dans son rapport au manque et à la castration. Freud la réfère au Surmoi.

 

  Tout d’abord, arrêtons-nous sur le diagnostic anténatal : quel regard la société pose t-elle sur lui ? Ensuite, comment bouleverse-t-il le vécu parental de la grossesse ? Et comment les médecins travaillent-ils avec ? Puis, comment décide-t-on d’interrompre une grossesse ? Le deuil est-il possible pour les parents ? Enfin, écoutons les couples confrontés au diagnostic anténatal et entendons… 

 

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[1] La toxoplasmose (parasitose endémique) est une affection bénigne chez l’adulte mais redoutable pour le fœtus. Elle concerne 1,5°/o des grossesses et elle peut être responsable de destruction cérébrale et d’atteinte oculaire chronique et progressive chez le fœtus.

[2] Interruption médicale de grossesse.

[3] Ponction abdominale chez la parturiente de liquide amniotique permettant d’établir  le caryotype du fœtus, c’est-à-dire sa formule chromosomique.

[4] Cet examen est réalisé lors de la recherche d’une contamination fœtale par infection maternelle.

[5] Couche périphérique de l’embryon permettant son implantation dans l’utérus. Il constitue le futur placenta, lieu des échanges materno-foetaux. Sa biopsie a les mêmes indications que l’amniocentèse mais se pratique vers 10 semaines d’aménorrhée (SA) (permettant une IVG).

[6] Ce dosage permet de soupçonner certaines anomalies chromosomiques chez le fœtus.

[7] Procédés permettant la visualisation des flux sanguins.

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