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Errance interne errance externe : essai
d'analyse

 

Jordan FANJEAUD

 

 

Sommaire

Introduction

1. Présentation du matériel clinique

2. Questionnements

3. Problématique

4. Hypothèses

5. le mode de recueil des données, abord méthodologique

5.1 les entretiens

5.1.1 avec le psychologue

5.1.2 au sein du foyer

5.2 les réunions

6. Un cas d’errance: Ulysse.

6.1 Présentation

6.2 analyse

6.2.1 remarque préliminaire : le choix du prénom

6.2.2 remarque liminaire : précision par rapport au cadre théorique

6.2.3 Ulysse : une première lecture.

6.2.3.1 Remarque par rapport au matériel

6.2.3.2 Réflexions psychopathologiques.

6.2.3.3 Les symptômes.

6.2.3.4 La nature de l’angoisse.

6.2.3.5 La relation d’objet.

6.2.3.6 Les principaux modes de défenses.

6.2.3.7 Diagnostique structurel

6.2.3.7.1 quelques éléments théoriques

6.2.3.7.2 Ulysse : un sujet limite ?

6.2.4 Ulysse : une lecture à travers un filtre culturel.

6.2.4.1 Rites et croyances à l’île de la Réunion

6.2.4.1.1 la veillée mortuaire.

6.2.4.1.2 les âmes errantes

6.2.4.2 L’histoire d’Ulysse à travers ces nouvelles données

7. Pour aller plus loin

7.1 La déliaison.

7.2 Le travail de la pulsion de mort et quelques considérations sur l’errance.

Conclusion

Bibliographie

Introduction

Aborder un travail sur l’errance n’est pas une tâche facile, qui se laisserait appréhender d’emblée. Cela demande à qui en fait la démarche de subir lui-même une forme d’errance: celle de la pensée tout d’abord qui se laisse entraîner dans différentes hypothèses rejetées les unes après les autres; celle des concepts ensuite: qu’entend-on vraiment par ce mot d’errance? Enfin celle du domaine d’approche de ce matériel, situé à la croisée des chemins de la sociologie, de la psychologie, mais aussi de la psychiatrie et de bien d’autres encore. Mais tout travail de recherche ne débute-t-il pas nécessairement par une phase d’hésitations, de pistes abandonnées, puis récupérées par la suite. Le chercheur, l’étudiant, le romancier ou le vagabond peuvent tous être considérés comme des errants qui tentent d’apporter une réponse à un problème auxquels ils se trouvent confrontés à un moment donné. Déjà nous voyons une distinction de fait s’établir. Pour certains l’errance sera pensée, pour d’autres, elle sera agie. Il y aurait une errance interne, personnelle, intime même, et une errance externe, qui se donne à voir à l’autre immédiatement. Avant d’aller plus loin dans cette réflexion, examinons plus précisément ce terme d’errance : ce mot vient du verbe errer, issu du bas latin iterare, de iter, voyage, et signifie jusqu’au XIIe siècle, marcher, aller. Mais ce verbe errer, a un homonyme qui provient du latin errare, qui signifie se tromper. L’étymologie nous offre donc deux sens qui coexistent encore aujourd’hui dans la notion d’errance.

  1. Présentation du matériel clinique
  2. Rencontrer des personnes en errance peut sembler paradoxal, lorsqu’on le pratique dans un lieu fixe, comme cela a été le cas pour ce travail. En effet, quand on rencontre l’errant, il n’erre plus. Pour avoir une expérience de l’errance, pour établir un contact avec ces personnes, il nous a fallu nous déplacer dans une structure qui héberge des sans-abri; celle-ci accueille uniquement des hommes, et dispose d’une capacité de 150 à 180 places. Elle propose, contre la somme de 10 francs, un repas chaud, une aide médicale, et un lit. Les nouveaux " passagers " reçoivent une carte d’hébergement provisoire et doivent aller voir le lendemain un membre du conseil social d’orientation, qui est composé de deux assistants sociaux et d’un psychologue. La durée de séjour est alors fixée, en fonction de différents critères, comme de devoir effectuer des démarches en vue de l’obtention du RMI, ou de se faire refaire des papiers d’identité. Ceux qui semblent relever davantage du ressort du psychologue lui sont adressés soit par l’accueil, soit par les travailleurs sociaux.

    La population concernée regroupe toutes les catégories de population en extrême précarité: " clochards ", " squatters ", " toxicomanes ", " chômeurs de longue durée ", " routards "… ces qualificatifs pouvant bien entendu servir à désigner une même personne.

  3. Questionnements
  4. Le questionnement spécifique qui nous est venu en ce qui concerne ce terrain particulier s’organise sur un double plan. Tout d’abord, un travail effectué en Licence nous a conduit à rencontrer des acteurs de ce milieu. C’est au regard des entretiens que nous avons pu avoir avec eux qu’une première interrogation a pu se formuler. Par ce moyen nous intégrons une démarche orientée dans le but d’une recherche. Il semble clair que les premiers questionnements vont s’opérer dans un champ qui relève du social et que tout un chacun peut ressentir: pourquoi tel individu va-t-il se retrouver " à la rue "? Est-ce uniquement en raison de facteurs économiques, comme on aurait trop tendance à le croire? Pourquoi à revenu égal, même faible, certains auront-ils un logement, conserveront-ils des liens sociaux avec leur entourage, et d’autres non? Il est intéressant de noter comme la question de l’économique se pose rapidement en modèle explicatif lorsque l’on aborde une population de sans-abri, sur un mode défensif, dont les intervenants sociaux ne sont pas exempts. Il n’est pas rare en effet de voir poser au premier plan par les institutions les problèmes financiers d’untel, qu’il faut régler de toute urgence, alors qu’untel présente aussi une désorientation psychique importante; mais le travail administratif et social se situant sur un registre du manifeste, c’est de celui-là que l’on va traiter, négligeant du même coup tout ce qui relève du registre latent. Tout le problème est de savoir de quelle manière il convient d’intervenir; bien souvent, il va être privilégié, ce qui a une chance de donner un résultat rapide. Il convient de se demander, sur le modèle de la psychopathologie, à qui profitent les bénéfices secondaires de ce malaise social? Certainement à tout le monde. À l’institution qui peut présenter un bilan positif d’action sociale; mais aussi à l’errant, qui selon les principes du bénéfice secondaire, demeure dans une situation d’errance manifeste, qui peut-être économiquement plus intéressante pour son équilibre psychique. On peut se demander s’il existe-t-il une pathologie psychique favorable à l’errance? Ou bien est-ce le fait de se retrouver dans une situation d’errance, qui peut révéler cette pathologie? Une ébauche de réponse nous est apportée par des chercheurs qui se sont déjà penchés sur la question:

    " Les histoires personnelles qui ont été analysées ont mis en évidence l’existence, presque toujours, d’une faille personnelle antérieure à la rupture sociale, d’une fragilité relationnelle ou affective qui s’est trouvée réactivée par les difficultés économiques ou professionnelles. ".

    Y aurait-il ainsi des personnalités plus fragiles qui se retrouveraient plus facilement que d’autres en situation d’errance? Quelles seraient les origines de cette fragilité?

    D’autre part, on peut se demander, dans cette optique, à quoi l’errance manifeste, tenterait-elle de répondre? Quel traumatisme pourrait en être l’origine?

    Tout ce questionnement relève d’une réflexion a priori, qui, confrontée à l’expérience clinique s’est enrichie, et affinée. Un des premiers points qui attire notre attention est l’extrême pauvreté apparente des discours qui nous sont donné d’entendre. On peut dire avec Claudia Girola que :

    " Si ces personnes se présentaient à moi à travers une image et un récit stéréotypés, c’était me semblait-il, qu’elles entendaient à travers cette présentation parfaitement orthodoxe d’elles-mêmes, se donner un statut, une identité et pouvoir être ainsi reconnues. Elles connaissaient l’image pré-construite des sans-abri, des SDF, qui circule entre les différents intervenants du social et elles cherchaient à s’y conformer ".

    On a l’impression que les individus remettent en circulation l’histoire publique-générique, commune et diffusée du SDF. Il n’est pas rare en effet, en sus de la pauvreté du discours, de retrouver au milieu de celui-ci des similitudes sur l’alcool, la perte d’un proche. Nous notons aussi la présence d’éléments plus vagues sur les bateaux par exemple, en l’occurrence, étant donnée la période où ce stage s’est déroulé, des discours sur le titanic. Tel individu déclare qu’il aurait aimé être passager du navire au moment du naufrage, tel autre veut en bâtir un qui soit le plus grand jamais réalisé (argument utilisé pour définir le titanic), ou bien encore celui qui dessine entre autres choses le titanic. Ces éléments issus de notre propre observation ne constituent pas des cas isolés, mais bien plutôt des traits représentatifs de cette population. Ainsi Xavier EMMANUELLI note qu’ :

    " […] un des symptômes de la grande exclusion, […] c’est qu’ils ne sont plus dans la flèche du temps. Ils ne voient pas le temps s’écouler. Lorsqu’on se tourne vers le passé et qu’on essai de construire une biographie, les gens ne savent pas répondre. Alors ils vous racontent une série de malheurs stéréotypés. […] C’est là un stéréotype moderne qui sert à combler le vide de la mémoire, parce qu’on arrive pas à faire la continuité, le lien ; il n’y a pas de passé. "

    On a trop souvent tendance à réduire le phénomène d’errance à de pures raisons économiques, mais on s’aperçoit rapidement que certains ont les moyens financiers pour vivre en appartement, le cas le plus frappant étant cet homme de 65 ans, qui touche une retraite d’environ 7000 francs par mois, mais qui préfère demeurer au foyer d’hébergement, en attendant, dit-il, de retrouver un appartement dans le quartier où il a passé sa vie, mais qui refuse systématiquement toutes les propositions qui peuvent lui être faites. Ce n’est pas le bon arrondissement, pas le même quartier, pas la rue qu’il désire, etc…

  5. Problématique
  6. L’exclusion est un fait, directement observable. Mais cela vient répondre comme en écho à la question posée implicitement dès le départ de cette réflexion. Par quoi débute-t-on : l’œuf ou la poule ? Pour exprimer cela sur un mode moins prosaïque, la pathologie crée-t-elle de l’exclusion, ou l’exclusion crée-t-elle de la pathologie. Car lorsque l’exclusion est visible, nous parlons peut-être d’un stade de celle-ci, ultérieur à un autre, qui ne se donnerait pas à voir. La littérature est, sur ce point, quelquefois partagée. Ainsi Michel THUILLEAUX, s’exprimant sur ce sujet, écrit que :

    " Revêtant de nombreux atours, l’exclusion crée donc de la pathologie mentale : celle-ci peut prendre des formes assez graves pour conduire à la mort, exclusion suprême. En contrepartie, la pathologie mentale est susceptible de créer de l’exclusion. "

    Ce qui est commun dans l’observation de l’exclusion est le consensus établi sur la présence de souffrances psychiques : 

    " Le dénominateur commun des divers types d’exclusion est en définitive, la souffrance et dans tous les cas nous côtoyons donc le pathologique. "

    " plusieurs indices concordent pour souligner une plus grande fréquence de certains troubles psychiatriques parmi les exclus. "

    L’important est donc, non pas de psychiatriser la misère, comme certains acteurs sociaux sont parfois trop tentés de le faire remarquer, mais bien plutôt de psychiser celle-ci, de manière à en embrasser un domaine de significations plus pertinent.
    Il y a un lien entre exclusion et psychopathologie. Historiquement, celui-ci s’observe, lorsqu’aux 16 et 17 èmes siècles on a commencé à interner les fous … et les mendiants.

    Comme nous avons déjà pu le constater, des personnes vont brusquement tout quitter pour se retrouver en situation d’errance, et ceci quelle que soit leur situation financière auparavant. Comme le fait très bien remarquer Jean FURTOS :

    " On peut être pauvre sans être exclu, on peut-être exclu sans être pauvre, et la précarité peut entraîner l’exclusion, qui se définit comme le fait d’être fermé dehors, sorti du lot commun de l’humanité. "

    " je tiens à préciser que le champ de la souffrance psychique lié à la précarité ne se réduit pas à la partie la plus manifeste qui en souffre ; ce champ est d’abord constitué par les gens de la rue […] ; puis viennent les SDF, qui peuvent passer par la rue de temps en temps, qui changent de ville, de foyer, de squatt […]. Puis vient tout le volet des chômeurs de longue durée et de fin de droit […]. Puis vient la souffrance dans les entreprises pour ceux qui ont du travail […]. Je termine par la pathologie des PDG […], pathologie de l’excellence qui produit des effets d’exclusion hors de soi-même. "

    Nous dépassons ici les simples causes explicatives de la pauvreté, et nous rendons compte que quelque chose d’autre intervient dans ce phénomène d’errance, même si :

    " […] la crise sociale a une répercussion à la fois sur les liens sociaux et relationnels, et accentue l’apparition ou plutôt l’évolution péjorative de certaines problématiques à connotation psychiatrique […]. "

    Comme le fait remarquer André GREEN :

    " En tout état de cause, la pulsion est le déterminant du sujet "

    Nous pouvons dire que nous nous trouvons confronté à la notion fondamentale que constitue la pulsion dans la métapsychologie et la psychopathologie.

    Nous prenons le terme " pulsion " dans l’acception que lui confèrent LAPLANCHE et PONTALIS, à savoir qu’il s’agit d’ :

    " un processus dynamique consistant dans une poussée (charge énergétique, facteur de motricité) qui fait tendre l’organisme vers un but. "

    Sigmund FREUD distingue pour la pulsion le but de l’objet :

    " le but d’une pulsion et toujours la satisfaction, qui ne peut être obtenue qu’en supprimant l’état d’excitation à la source de la pulsion. Mais, quoique ce but final reste invariable pour chaque pulsion, diverses voies peuvent mener au même but final, en sorte que différents buts plus proches ou intermédiaires, peuvent s’offrir pour une pulsion ; ces buts se combinent ou s’échangent les uns avec les autres ".

    Cette brève définition montre bien l’importance de l’objet, qui seul permet à la pulsion d’atteindre son but, car si l’objet et le but pulsionnel ne doivent pas être confondus, ils n’en restent pas moins étroitement liés. Freud nous dit d’ailleurs que :

    " L’objet de la pulsion est ce en quoi ou par quoi la pulsion peut atteindre son but. Il est ce qu’il y a de plus variable dans la pulsion, il ne lui est pas originairement lié : mais ce n’est qu’en raison de son aptitude particulière à rendre possible la satisfaction qu’il est adjoint ."

    L’objet peut donc être changé au cours du développement de l’individu. De même il peut s’agir d’un objet interne ou d’un objet externe.

    Ainsi, parler d’une errance de la pulsion, donc d’une errance interne, reviendrait à considérer l’errance de la pulsion par rapport à son objet, qui seul permettait la satisfaction, et non de l’errance de la pulsion quant à son but, celui-ci demeurant forcément identique.

    De plus :

    " Lorsque la liaison de la pulsion à l’objet est particulièrement intime, nous la distinguons par le terme de fixation "

    Pouvons nous considérer que si cet objet vient brutalement à manquer, le quantum d’énergie de la pulsion se retrouve du même coup libre, dans un passage des mécanismes des processus secondaires (énergie liée) aux mécanismes des processus primaires (énergie libre) ?

    Cette énergie libre - que nous qualifions ici d’errante pour les besoins de ce travail - peut-elle se transposer du registre interne à un registre externe, à savoir une errance visible, spatiale, afin de tenter d’apporter une réponse à ce conflit psychique, dans une recherche désespérée de l’objet perdu ?

    Il nous semble que nous sommes en droit d’associer ces deux registres : interne et externe lorsque nous travaillons avec le sujet errant. Comme le fait remarquer Annie BIRRAUX, après avoir examiné l’étymologie du terme :

    " Une dérive du vocable initial nous incite donc à conjuguer les espaces externes et internes : ne pas trouver son chemin dans l’espace terrestre et s’égarer dans son espace psychique sont des actions qui se télescopent dans le même concept "

  7. Hypothèses
  8. Nous posons comme postulat à ce travail qu’ :

    Il y a un lien entre la problématique des errants et la problématique adolescente.

    En effet nous pensons pouvoir nous référer aux ouvrages consacrés à la psychologie des adolescents, car :

    " On peut se demander si la phase pubertaire ne serait pas, par définition, une période d’errance et donc si la spécificité de l’errance n’est pas d’être adolescente ? "

    Au regard de ce que nous venons d’examiner, nous pouvons maintenant poser nos hypothèses de la manière suivante:

    Il y a un lien entre errance interne et errance externe.

    L’errance interne est l’errance de la pulsion quant à son objet.

    L’errance externe est une des issues que trouve l’appareil psychique en cas de non résolution de la problématique ou du conflit auquel tentait de répondre l’errance

          1. Ulysse : un sujet limite ?

Nous venons d’examiner les éléments constitutifs de ce que Jean BERGERET désigne par le terme d’a-structuration limite. En prenant en considération ces éléments théoriques, il nous semble qu’Ulysse s’inscrit dans la lignée nosographique des personnalités limites, même si certains points semblent appartenir à d’autres ensembles. Nous pensons notamment à certains instants dans les propos d’Ulysse qui pourraient faire penser à une structuration de type psychotique, en particulier certains épisodes nettement délirants sur le " titanic " ou la " psychologie ". Mais Ulysse ne manifeste pas réellement d’angoisse de morcellement, et ne se situe pas non plus dans une relation d’objet fusionnelle.

De même Ulysse, va par moment adopter une conduite plutôt hystérisée, telle cette façon qu’il a de pleurer très bruyamment, afin que l’on s’occupe davantage de lui. Cet élément pourrait apparaître comme relevant du registre de la personnalité névrotique. Ou bien encore ces éléments que l’on pourrait assimiler à des restes oedipiens, alors qu’il s’agit d’éléments cachant un fond beaucoup plus narcissique. Mais Ulysse ne possède pas de traits caractéristiques d’une structure réellement névrotique ; il est vraisemblable qu’il se situe d’un point de vue génétique bien en deçà d’un conflit oedipien, ainsi que du complexe de castration. Son discours n’est pas génitalisé, même s’il a souvent recours au domaine du sexuel. En effet Ulysse n’est pas dans une relation d’objet génitalisé ; il ne présente pas non plus d’angoisse de castration, de même que le mécanisme de défense principale qu’il utilise ne semble pas faire appel au refoulement.

Par rapport aux différentes caractéristiques que nous venons de souligner, nous pouvons poser qu’Ulysse est un sujet qui s’inscrit dans la lignée d’une a-structuration limite. Il développe un fort symptôme dépressif. La nature de la relation que son moi établit vis à vis des objets est de nature anaclitique. Il manifeste également de fortes angoisses de pertes d’objet, qui se manifestent dans différents registres. Les mécanismes de défense auxquels il va avoir recours, s’inscrivent aussi dans cette lignée nosographique : l’évitement, le clivage de l’objet. Il s’agit de :

" […] mécanismes de défense moins élaborés, donc moins efficaces, mais aussi moins coûteux en contre-investissements que le refoulement ; ce sont principalement l’évitement, la forclusion, les réactions projectives et le clivage de l’objet. "

Bibliographie

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    • De Gaulejac In Gilles AMADO et Eugène ENRIQUEZ (sous la direction de), La psychanalyse à l’écoute du social,
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    • LAPLANCHE J., PONTALIS J.B., 1967, vocabulaire de la psychanalyse, PUF, Paris, 13 ème édition, 1997, 523 pages.
    • LAURU Didier, 1998, Liaisons et déliaisons dangereuses à l’adolescence, In LESOURD Serge (sous la direction de), Violente adolescence, Pulsions du corps et contrainte sociale, Erès, Ramonville Saint-Agne, 186 pages.
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    • PAPADAKOS Vassilios, 1999, Crise sociale et psychiatrie , Paris, PUF, 127 pages.
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