RIVIERE ANNE MARIE ANNEE UNIVERSITAIRE : 2003-2004
MAITRISE PSYCHOLOGIE NUMERO ETUDIANTE : 19909080
Le cas de Madeleine
DIRECTEUR DE MEMOIRE: Monsieur Luc RIDEL
UFR de Sciences Humaines Clinique
Université Paris7 - Denis-Diderot
SOMMAIRE
I - L’ ORIGINE DE LA FIDELITE 4
1. Analyses théoriques et psychanalytiques page 6 à 12
2. Partie clinique page 12 à 13
1. Analyses théoriques et psychanalytiques page 13 à 19
2. Partie clinique page 19 à 22
II - LA FIDELITE AU DELA DU MARIAGE page 23
1. La difficulté d’aimer page 25 à 29
2. La projection et répétition page 29 à 34
C) Le poids de la fidélité page 34
Le sentiment de culpabilité page 34 à 39
Le déni de la mort page 39 à 42
III - LA FIDELITE COMME SOLUTION A L‘ ANGOISSE D‘ ABANDON p 43
La dépression page 46 à 51
La régression page 51 à 55
Une nouvelle reconnaissance de la souffrance page 55 à 57
La souffrance de Madeleine page 58 à 63
Conclusion : page 64 à 65
INTRODUCTION
Quelques années avant de mourir, Winnicott avait écrit dans un carnet ces quelques mots : « Oh Dieu, faites que je sois vivant quand je mourai. »1 Ce vœu et cette réflexion montrent que la vieillesse est une expérience particulièrement difficile et déroutante, y compris pour un homme dont l’œuvre théorique et pratique a contribué à comprendre et à aider l’enfant et l’enfant dans l’adulte. Ici, d’une certaine manière, la vieillesse nous renvoie à l’enfant et peut nous permettre de comprendre les difficultés psychologiques, affectives et sociales que peuvent rencontrer les personnes âgées. Aujourd’hui, on porte un autre regard sur la personne âgée, elle commence à être considérée autrement, c’est-à-dire comme un être à part entière qui mérite non seulement notre compréhension, notre intérêt, notre respect mais surtout notre écoute, cette écoute faisant désormais partie intégrante d’un travail trop longtemps négligé. C’est avec cette disposition et cet intérêt, je crois, que j’ai choisi d’effectuer mon stage en milieu gériatrique, et c’est dans le cadre de ce travail que j’ai rencontré Madeleine, âgée de 76 ans et pensionnaire de l’hôpital Vaugirard. Avant de la rencontrer, j’ai assisté à plusieurs entretiens avec des personnes âgées mais c’est Madeleine qui a retenu mon attention après l’avoir entendue exprimer un trait essentiel de sa personnalité se rapportant à la fidélité. Au-delà de ses difficultés qui se rencontrent chez beaucoup de résidents, l’organisation psychique de Madeleine m’a vivement intéressée et a déterminé l’objet de mes recherches et de mon mémoire. En effet, toute la vie de Madeleine a tourné autour de la notion de fidélité, et c’est cette fidélité à toute épreuve qui a certainement le plus nourri ma curiosité. A vrai dire, la fidélité de Madeleine m’est apparue si forte et si fondamentale dans toute son existence qu’elle a fini dans mon esprit par devenir suspecte. J’ai donc voulu en savoir plus sur cette fidélité au combien remarquable mais aussi, semble-t-il, au combien coûteuse. Ce coût est tel que la fidélité de Madeleine a quelque chose de symptomatique et de problématique. Ce faisant, j’ai voulu savoir quelle pouvait être sa signification clinique, voire psychanalytique.
Pour mener à bien cette étude, j’ai orienté mes recherches et mon travail dans trois directions principales :
La première concerne l’origine de la fidélité de Madeleine qui a de toute évidence des rapports très étroits avec sa propre enfance ; celle-ci est marquée par une névrose infantile qui, compte tenu de son poids, aurait dû être prise en charge par une psychothérapie pour éviter ainsi un ralentissement, voire un blocage, du développement affectif normal de Madeleine.
La deuxième orientation renvoie à la fidélité de Madeleine comprise cette fois dans le cadre de son mariage et, surtout, au-delà du décès de son mari Pierre, survenu à l’âge de 26 ans, faisant ainsi de Madeleine une jeune veuve. Malgré cette mort prématurée, la relation que Madeleine continue d’entretenir avec son mari est à la fois véritablement étonnante et riche d’enseignements.
La troisième et dernière direction porte sur la situation actuelle de Madeleine et, plus précisément, sur ses difficultés de vivre, lesquelles renvoient en particulier aux problèmes de la dépression et de la régression. En effet, Madeleine supporte péniblement toute situation pouvant lui rappeler les dangers de la dépendance ou pouvant menacer sa liberté.
Ces trois parties consacrées à l’enfance, à la vie sociale et au placement en institution de Madeleine s’appuient toujours sur les éléments auto-biographiques fournis au cours des entretiens par Madeleine. Ses témoignages et leurs analyses m’ont conduite à mesurer le degré de souffrance qui a été le sien et qui est encore le sien actuellement ; cette souffrance peut certainement s’expliquer par rapport à sa situation parentale, familiale et sociale. Plus précisément, j’ai été amenée à m’interroger sur le lien qui pouvait exister entre cette souffrance et une angoisse particulière, à savoir l’angoisse d’être abandonnée, angoisse d’abandon qui, elle, pour le coup ne l’a pas abandonnée ! C’est autour de ce lien que j’ai organisé mes principales observations et mes principales idées se rapportant à la problématique de Madeleine.
Dans cette perspective, j’ai consulté un certain nombre d’auteurs et d’œuvres qui m’ont apportée une aide précieuse nécessaire pour comprendre et analyser les enjeux psycho-affectifs auxquels « ma patiente » a toujours été visiblement confrontée. Freud, Winnicott et M. Klein occupent une place de tout premier choix dans mon travail et m’ont permis de voir à quel point l’enfance était essentielle dans le processus de maturation de l’individu, et que cette enfance pouvait même se prolonger jusqu’au cœur de la personnalité âgée et au cœur de son propre fonctionnement.
Après une année d’échanges avec Madeleine, et au terme de cette étude, j’ai été amenée à m’interroger également sur la portée des connaissances et de la pratique analytique dans le cadre « original » de l’institution gériatrique. N’importe qui pourra bien dénoncer les insuffisances tant sociales et psychologiques dont souffrent encore trop de « vieux » en institution et dans notre société mais le travail du corps médical et soignant est aussi remarquable dans la mesure où il reconnaît désormais la personne âgée comme un être humain. Au XXI siècle, l’enfant et l’adulte n’auront plus le monopole de la parole et du besoin de s’exprimer ; les êtres au soir de leur vie ont, eux aussi, droit à cette parole et à notre écoute. C’est ce qui peut nous donner de l’espoir dans notre recherche et dans notre pratique quotidienne car, en effet, n’est-ce pas en considérant tout homme, quel que soit son âge, comme un être humain qu’un travail de soutien et qu’une aide psychologique sont possibles et prennent tout leur sens ?
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1 Le paradoxe de Winnicott, A. Clancier et J. Kalmanovictch, Press Editions, 1999, p 130
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