M. CHU VU NAM UFR SCIENCES HUMAINES CLINIQUES
10 SQUARE DE LA BRAVE MARGOT UNIVERSITE PARIS VII – DENIS DIDEROT
91 080 COURCOURONNES
MANIPULATIONS D
’UN TERME EN SITUATION CLINIQUELA DECOMPENSATION
LES URGENCES PSYCHIATRIQUES
DIRECTEUR DE RECHERCHE : Mme MICHELE HUGUET
MEMOIRE POUR LA MAITRISE DE PSYCHOLOGIE , ANNEE 1999
INTRODUCTION
Devenir fou . Criser . Craquer . Péter les plombs . Devenir cinglé . Perdre la boule .
Autant d’expressions populaires et profanes moyennant une vision pleine de non savoir quant au basculement dans la folie , séquence impopulaire . Autant d’expressions péjoratives renvoyant à cette peur devant le chavirement chez l’autre qui plonge dans l’énigmatique , mais aussi vulgarisées parce que rassurantes dans le ton d’amusement sur lequel elles peuvent trouver leur contexte .
Mais ne nous perdons pas déjà en chemin sur le discours lié à l’imaginaire d’un quidam qui n’en saurait rien –ici c’est déjà nous qui imaginons celui-là , il n’est pas si étranger à la maladie mentale car le savoir psychiatrique n’est pas si imperméable que cela- sur notre imaginaire à propos d’un imaginaire social totalement profane .
Pour en revenir au schéma virtuel que nous essayons de décrire , plaçons donc d’un côté un personnage qui ne saurait rien et qui tiendrait un discours préjugeant de la folie .
Folie , un terme qui ne se superpose pas si simplement avec le champ de la psychopathologie . De là , une tentative de liaison possible est de le recoudre à celui d’aliénation dans la psychiatrie classique , de psychose tel qu’on l’entend aujourd’hui . Et pour nommer ce passage vers la folie , un terme nous est donné , la décompensation , dont la consonance savante la placerait du côté de la parole de l’expert . On retrouve ce terme attaché à ces situations critiques pouvant s’étoffer dans leur survenue chez le sujet , d’un imaginaire de pis aller , redoutable et redouté dans sa gravité comme un instant tragique plein de danger . Il s’agit donc d’un moment crucial riche de questionnement , à la fois dans la continuité de l’histoire du sujet , que pour le clinicien et le théoricien : pourquoi est-ce que monsieur X ou Y décompensent ? Qu’est-ce qui a fait qu’ils en soient arrivés là ? Quand , où , comment ? Chez qui plus qu’un autre cela se produit –il ?
Nous nous apercevons très vite que ces questions ne tiennent pas , aussi longtemps que nous faisons l’économie de savoir à quelles constructions ce terme renvoie dans nos esprits , comme s’il s’agissait d’un concept tout à fait évident dont l’opérationnalité serait aussi pratique dans le repérage clinique qu’elle passe sous silence ce qu’elle nomme , comme tenu pour acquis , et des questions circonstancielles gravitant autour du terme de décompensation (le quand , le comment , le pourquoi) nous devons nous tourner vers des questions de contenu , ce qui est entendu sous ce fameux terme : qu’est-ce qu’on entend quand on parle de décompensation ? Quels processus à l’œuvre sont condensés sous ce terme ? Qu’est-ce qu’une décompensation , et à partir de quand au juste peut-on en parler ? Qu’est-ce qui dans un état particulier du psychisme d’un individu se différencie et précise l’utilisation de ce terme ? Cet ensemble de questions ouvrent sur d’autres questions encore : par exemple , est-ce que la décompensation n’est qu’une affaire de psychose ? L’emploi du terme est donc autant un acte de rationalisation qu’un discours rendant une séquence hermétique , et se renfermant sur l’énigme de son sens . Notre question sera : quand parler de décompensation ?
A partir de là , nous poserons la question à la clinique : à partir de quel moment sur le lieu clinique pouvons-nous en venir à formuler l’idée de décompensation ?
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