Du recours à l'onirisme comme intervention
psychologique en groupe de formation
Jordan FANJEAUD
SOMMAIRE
Partie I : Réflexions et perspectives théoriques *
3.1) De l’existence physique et sociale… *
3.2) … qui s’étaye sur une structure intrapsychique. *
4) L’appareil psychique groupal *
5) Quelques points de repère sur le rêve: perspectives théoriques *
6) Des rapports de similitudes fonctionnelles : l’appareil psychique groupal et le rêve *
Problématique : Le rêve, voie royale qui mène à la connaissance de l’inconscient groupal ? *
2) … et un dispositif de médiation *
3.3) Un dispositif de médiation… *
3.5) Perspectives critiques et limites *
1) Première séance de médiation par le rêve. *
1.1) Déroulement de la séance *
1.2) Analyse de la séance : l’originaire *
2) Deuxième séance de médiation par le rêve *
2.1) Déroulement de la séance *
2.2) Analyse de la séance : alliance et métamorphose. *
3) Troisième séance de médiation par le rêve *
3.1) Déroulement de la séance *
3.2) Analyse de la séance : attaque du dispositif et renarcissisation *
4) Quatrième séance de médiation par le rêve *
4.1) Déroulement de la séance *
4.2) Analyse de la séance : la figurabilité de l’angoisse de mort comme mode d’entrée dans un registre névrotisé. *
5) Cinquième et dernière séance de médiation par le rêve *
5.1) Déroulement de la séance *
5.2) Analyse de la séance : la construction groupale de l’onirisme dans le passage du locuteur à l’inter-locuteur. *
Pour aller plus loin : un dispositif de médiation comme lieu d’émergence et de traitement de la résistance ? *
Nous tenons à remercier
Monsieur Scharnitzky pour son écoute et son suivi.
Annie pour son attentive lecture.
Pour leur soutien et leur aide, le groupe du DESS.
Pour leur accueil, les formateurs et les groupes en formation.
Les personnes qui m’ont accompagné dans mon élaboration : Yasmina, Gilbert, et toutes celles avec lesquelles nous avons échangé dans les " corridors du quotidien ".
Laurent et Margot pour leur " assistance technique ".
Florise pour m’avoir " porté secours " en dernière minute.
Enfin tous ceux qui m’ont supporté pendant les affres de la création et avec lesquels nous partagions des moments d’évasion salvatrice.
" Je suis une bande de jeunes
à moi tout seul
Je suis une bande de jeunes
j’m’fends la gueule "
Renaud
" Nous sommes un ka-tet, un seul en plusieurs "
Stephen King, La tour sombre
" Quand tu vas balayant l’air de ta jupe large,
Tu fais l’effet d’un beau vaisseau qui prend le large "
Charles Baudelaire, Le beau navire
" Une petite boule rouge s’active autour du groupe
elle tient un balai qui fait deux fois sa taille […]
elle paraît chargée d’électricité
d’ici sa robe lui tombant jusqu’aux pieds m’apparaît commme un cerf-volant"
Mano Solo, Les gitans
Nous allons envisager dans ce travail une manière dont peut se construire un groupe à travers une pratique de terrain. Nous aborderons dans un premier temps les questionnements qui ont soutenu notre réflexion à propos des groupes, ainsi que notre cheminement qui nous a conduit à travailler selon un certain angle. L’aspect étymologique du terme sera abordé, révélant, par la richesse des sens, la pertinence des développements théoriques menés par des praticiens du groupe, tels qu’Anzieu et Kaës. Les rapports que ces auteurs établissent entre la dynamique groupale, son mode de construction, et des mécanismes de liaison/déliaison qui l’animent, et leur conception de la groupalité intrasubjective seront développés.
En prenant comme base réflexive notre pratique, nous introduisons la question du rêve dans les groupes comme cœur de notre problématique, après avoir souligné les parallèles entre les modes de fonctionnements oniriques et les modes de fonctionnements groupaux.
Nos hypothèses posent donc le rêve comme une production d’un psychisme groupal.
Nous abordons dans une deuxième partie l’aspect méthodologique. Nous expliquons les raisons qui nous ont conduit à adopter une démarche clinique, et à nous référer à des auteurs et un corpus théorique qui peuvent apparaître au premier abord comme ne faisant pas partie du champ de la psychologie sociale. Nous exposons ensuite notre mode de recueil du matériel, qui s’est opéré par la voie d’observations participantes en premier lieu, et ensuite dans la mise en place d’un dispositif de médiation par le rêve au sein d’un groupe de formation. Nous présentons ce groupe ainsi que le dispositif.
La troisième partie est consacrée aux résultats que nous obtenons sur les cinq séances de ce dispositif. Nous exposons le déroulement de la séance, en y ajoutant une analyse qualitative. Nous faisons enfin une brève synthèse de nos résultats, et ouvrons notre travail sur la pertinence d’avoir recours à un tel type de dispositif au sein de groupes de formation.
Sans vouloir retracer l’histoire étymologique du mot groupe, et la manière dont on est venu à l’employer aujourd’hui tant dans le langage courant que dans le langage scientifique, nous aimerions apporter un éclairage particulier sur l’un de ces sens. Le terme groupe vient du mot italien gruppo, qui signifie dans sa première acception " assemblage ", " nœud ". Cette signification nous semble encore pertinente dans l’emploi que l’on peut faire du mot groupe. Il s’agit bien en effet d’un assemblage de personnes, donc d’un assemblage de subjectivités, nouées, liées les unes aux autres. Le terme d’assemblage est d’autre part employé en œnologie, et désigne l’opération consistant à obtenir un équilibre des saveurs et des parfums par l’alliance de différents crus ou cépages.
gruppo signifie aussi, dans un sens spécifique, " sac d’argent ". nous retrouvons cet aspect dans la conception que l’on se fait des groupes, dans la mesure où l’on peut parfois entendre dire que le groupe enrichit.
Ce travail est le fruit d’une double réflexion. Une première, théorique, qui s’est développée par rapport à un intérêt pour les groupes et leur fonctionnement. C’est ainsi que se construit d’abord une première approche qui s’articule autour de la résistance au changement dans les groupes en formation. La pratique du terrain m’encourage à travailler dans cette direction en m’en révélant la pertinence.
La deuxième réflexion s’est étayée sur la pratique elle-même. C’est en construisant un dispositif de médiation, dans l’optique de permettre au groupe de travailler sur son vécu, que le questionnement problématique a opéré un glissement qui, sans oublier l’origine du travail, s’est retrouvé fortement modifié.
En proposant au groupe de travailler sur le rêve d’un individu, différent ou non à chaque séance, nous pensons nous attacher à révéler de manière plus claire ce que Didier Anzieu nomme les fantasmes de casse. Ce n’est pas tant l’objet " rêve " qui nous importe, mais bien le travail d’élaboration en groupe qui en découle dans le dispositif qui retient notre attention. Pour nous le rêve est celui d’un individu, et ne nous intéresse donc pas en tant que tel dans ce cadre là : nous travaillons sur le groupe, et non sur l’individu dans le groupe.
Mais les séances du dispositif de médiation par le rêve semblent contredire cet aspect. Les rêves proposés par les individus paraissent tous aller dans une même direction, receler les mêmes sens, révéler les mêmes questionnements, comme s’il y avait une unité dans le matériel proposé et dans l’élaboration concomitante. L’hypothèse d’une concertation des membres du groupe préalablement à chaque séance étant écartée, notre questionnement se porte sur ce nouvel aspect, jusque là ignoré. Quelle peut-être la raison de cette unité ? Y aurait-il dans la production du rêve un aspect de la groupalité qui serait à l’œuvre ?
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