- Au cours des différents stages cliniques effectués dans le cadre de la formation en psychologie clinique et pathologique, nous avons souvent eu l'occasion d'entendre des personnes parler de leur foi, de leurs croyances religieuses et de leurs espérances religieuses.

C'est ainsi qu'est né un questionnement sur les croyances religieuses dans leurs rapports à la psychopathologie et à la psychanalyse.

C'est pourquoi, dans ce travail, nous partirons de l'analyse que S. Freud a faite de la religion, analyse que nous commenterons avant de nous intéresser à la mystique (au sens religieux du terme) et aux délires mystiques.

Nous commencerons avant tout par définir ce que nous entendons par le mot religion:

" La religion est l'ensemble du langage, des sentiments, des comportements et des signes qui se rapporte à un être ( ou à des êtres) surnaturel(s), surnaturel signifiant qui n'appartient ni aux forces naturelles, ni aux instances humaines, mais qui transcende celle-ci."

Cette définition nous semble bien illustrer ce que nous comprenons par le mot religion, elle permet d'intégrer des éléments aussi différents que la pratique rituelle et l'extase mystique, toutes deux expression d'une foi religieuse.

Cependant nous restreindrons notre travail à l'étude de la foi chrétienne, et ce pour deux raisons: elle est la religion "majoritaire" dans notre culture occidentale et d'autre part c'est elle que personnellement nous connaissons le mieux et ce au travers de la lecture de la Bible surtout. Cette restriction explicite le titre de ce travail : "L'analyse freudienne du phénomène religieux ou psychopathologie de la foi chrétienne". Nous pensons que cette analyse est susceptible d'englober les trois principales religions monothéistes que sont le Christianisme, le Judaïsme et l'Islam; mais hélas nous ne connaissons que très peu ces deux dernières.

Si S. Freud a appliqué le point de vue psychanalytique à l'étude du comportement religieux, c'est qu'il était convaincu que l'on peut déceler les marques du conflit psychique dans toutes les productions de l'esprit humain, donc aussi dans les croyances religieuses.

Comme le souligne A. Vergote , un double excès détermine la position de l'homme croyant: " un excès de significations inconscientes qui le prennent malgré lui " et " un excès des significations voilées qu'il appréhende dans les manifestations divines ".

L'excès des significations inconscientes peut venir distordre les intentions et les actes de l'homme croyant, "de même que toute entreprise humaine, la foi est, elle aussi, susceptible de glisser dans les cercles de la pathologie".

Cependant il est un autre excès, c'est celui qui vise à réduire la foi et l'expression de celle-ci à la pathologie. Il existe une circularité entre les représentations inconscientes et les signifiants culturels et religieux; c'est cette circularité qui commande la procédure d'interprétation de A. Vergote, procédure à laquelle nous souscrivons; comme celui-ci l'a souligné: " pour avoir égard à la réalité de l'homme religieux (.....) il importe d'observer rigoureusement les éléments de la religion que cet homme a fait siens et la manière dont il vit sa religion."

Ainsi le psychologue n' a pas à apprécier la valeur des croyances d'autrui en fonction de son propre système de croyances, il n' a pas à juger celles-ci comme pathologiques ou non, le seul fondement pour une appréciation clinique est le discours du sujet lui-même….

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