« Un esprit sain dans un corps sain » pourrait être l’adage des personnes souffrant d’orthorexie. Sauf que lorsque manger sain devient une obsession et une source d’anxiété, cette focalisation sur l’assiette équilibrée vient impacter la santé mentale de l’individu concerné. Cette préoccupation a un nom : l’orthorexie, ou orthorexie nerveuse (orthorexia nervosa).
Propulsée par une agriculture abusant des pesticides, comme par la pression mise par les réseaux sociaux, l’orthorexie est qualifiée de trouble obsessionnel de l’alimentation par les psychothérapeutes, sans être reconnue comme un trouble du comportement alimentaire.
Qu’est-ce que l’orthorexie ? (Définition)
L’orthorexie est l’obsession de s’alimenter de manière pure et saine. Elle entraîne des comportements restrictifs excessifs. Les personnes touchées évitent certains aliments jugés malsains, ce qui peut entraîner des carences nutritionnelles et nuire à leur santé, en plus de provoquer un isolement social. Elle est souvent liée à une profonde anxiété et à un besoin de contrôle, comme pour l’anorexie mentale.
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L’orthorexie ou l’obsession de la nourriture saine
L’orthorexie vient du grec orthos, signifiant la droiture, et orexia, renvoyant à l’appétit. Ce comportement créé une véritable dépendance et tendance obsessionnelle à l’idée de manger sain. Chaque repas a pour objectif d’apporter tous les nutriments nécessaires au bon fonctionnement du corps. Vitamines, minéraux, glucides, protéines et lipides : l’assiette devient optimisée pour donner le meilleur rendement au corps. La notion de plaisir disparaît et l’alimentation devient une source d’angoisse.
À l’origine de la maladie on retrouve généralement :
- Une envie de perdre du poids (parfois causée par une grossophobie indue par les critères de beauté de notre société) ;
- Un changement de régime alimentaire (d’une alimentation classique à une alimentation végétale par exemple) ;
- La peur de développer une maladie ;
- Un besoin de contrôle permanent.
Est-ce que l’orthorexie est un TCA ?
À ce jour, l’orthorexie n’est pas reconnue comme un trouble du comportement alimentaire ni par le Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux (le DSM-5) et ni par la Classification Internationale des Maladies (CIM-10), même si certains comportements peuvent rappeler l’anorexie mentale.
Toutefois, même sans reconnaissance officielle, les spécialistes s’accordent à dire qu’on retrouve l’orthorexie quelque part au milieu d’affections psychiques : le trouble du comportement alimentaire, la phobie alimentaire et l’obsession alimentaire.
Comme cette obsession du sain n’est pas reconnue comme un TCA, le diagnostic peut prendre du temps. De plus, manger sain est valorisé par notre société. Inconsciemment, on estime qu’une personne mince, qui se préoccupe de ce qu’elle met dans son assiette, qui cherche à manger des aliments bons pour elle, bio et sans pesticides, prend soin d’elle. Même quand cette obsession cause justement des répercussions sur sa santé, mais aussi sur sa vie en général.
Quelles sont les causes de l’orthorexie ?
Les causes de l’orthorexie mélangent des facteurs psychologiques, sociaux et culturels. Des tendances perfectionnistes et anxieuses jouent un rôle majeur. Des idéaux de beauté et de santé véhiculés par les médias et les réseaux sociaux peuvent aussi influencer cette obsession pour une alimentation parfaitement saine. L’orthorexie peut également découler d’expériences antérieures de régimes restrictifs ou de troubles alimentaires.
Les origines de l’orthorexie sont complexes. Comme évoqué, les personnes ayant des traits de personnalité perfectionnistes et anxieux peuvent être particulièrement vulnérables à l’orthorexie. Elles cherchent à exercer un contrôle excessif sur leur alimentation pour apaiser leurs angoisses et se sentir en contrôle. Dans la même idée, les orthorexiques sont aussi parfois en recherche de structure et de sens. L’adoption d’une alimentation saine et l’établissement de règles strictes apportent une sensation de cadre, sentiment réconfortant pour certaines personnes.
De plus, dans notre société contemporaine, il y a une forte pression pour adopter un mode de vie sain et pour se conformer à des idéaux de beauté. Cela peut pousser certaines personnes à chercher une alimentation parfaite comme moyen de répondre à ces normes. L’origine de cette obsession peut aussi être une simple recherche de bien-être. Les personnes se tournent vers une alimentation saine dans le but d’améliorer leur bien-être, tant physique que mental. Cependant, encore une fois, cette quête peut dériver vers une frénésie malsaine, où la nourriture devient le principal moyen de maintenir un sentiment de santé et de contrôle.
Votre expérience compte
Des antécédents de régimes restrictifs ou de troubles alimentaires peuvent augmenter le risque de développer l’orthorexie. Mal prises en charge, ces expériences laissent parfois une empreinte sur la perception de la nourriture et la relation avec l’alimentation. Comme manger sain est bien vu par notre société, l’orthorexie peut aussi être un moyen inconscient de maquiller ces troubles alimentaires.
Il est essentiel de comprendre que l’orthorexie peut être influencée par un ensemble de facteurs. Une combinaison de vulnérabilités individuelles, de pressions extérieures et de facteurs environnementaux contribue au développement de cette préoccupation excessive pour ce que l’individu ingère.
Comment soigner l’orthorexie ?
Il est possible de soigner l’orthorexie et de réapprendre à manger sainement. Parce que manger sainement ne veut pas dire avoir un apport parfait de nutriments à chaque repas, avec des aliments locaux, bio et parfaitement préparés pour conserver toutes leurs qualités. Manger sainement, c’est aussi prendre du plaisir à manger et avoir un rapport détendu avec son assiette. Pouvoir manger équilibré, avec satisfaction. Sans s’angoisser lorsque ça n’a pas pu être le cas.
Conseil n° 1 : Réapprendre à manger sereinement
Une fois l’obsession alimentaire reconnue, il est nécessaire de réapprendre à manger sereinement. Pour cela, il faut se fixer des objectifs réalistes. Plutôt que de viser une perfection alimentaire impossible et hyper contraignante, visez l’adoption d’une alimentation équilibrée, variée et plaisante.
Réintroduisez progressivement les aliments exclus pour diversifier à nouveau l’alimentation. Ainsi, les aliments jugés « interdits » peuvent de nouveau se frayer un chemin dans votre assiette, pour se réhabituer à les consommer sans culpabilité.
Il est important aussi de réécouter les signaux de faim et de satiété. Il n’est plus question d’ingérer une quantité optimale d’aliments au meilleur moment de la journée, mais d’écouter les signaux internes de faim et de satiété du corps. Manger quand on a faim et s’arrêter quand on est rassasié permet de se reconnecter avec ses besoins réels.
Conseil n° 2 : Travailler sur son estime de soi
Vous l’avez compris, le manque d’estime de soi et l’orthorexie sont intimement liés. En effet, cette préoccupation excessive pour l’alimentation est le symptôme d’une estime de soi dépendante de la capacité à contrôler son régime alimentaire.
Le processus de guérison doit donc inclure un travail sur l’estime de soi. L’individu doit apprendre à se sentir confiant et en sécurité dans sa valeur intrinsèque, indépendamment de son alimentation ou de son image corporelle.
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Pour reprendre confiance en soi, l’écriture peut être une aide. Régulièrement, vous pouvez faire un état des lieux de vos qualités, celles qui ne reposent pas sur votre physique. Si l’exercice peut s’avérer difficile au début, il va devenir de plus en plus naturel. Si vous manquez d’idées au début, vous pouvez interroger votre entourage (à la condition de ne pas être entouré de relations toxiques) : quelles sont cinq qualités qu’ils apprécient chez vous ?
L’art-thérapie, le sport ou encore la méditation peuvent aussi être des atouts pour vous apprendre à développer votre estime de vous.
Conseil n° 3 : Pratiquer la pleine conscience
La pleine conscience peut être un outil pour guérir de l’orthorexie en aidant à développer une relation plus équilibrée et saine avec la nourriture. Commencez par vous observer sans jugement. Observez vos préoccupations alimentaires sans vous critiquer pour vos pensées ou vos habitudes passées.
De même, soyez attentif aux émotions qui peuvent influencer votre comportement alimentaire. Vous apprendrez ainsi à identifier les émotions sous-jacentes à vos choix alimentaires. Faites la paix avec l’imperfection : le chemin vers une relation plus saine avec la nourriture n’est pas linéaire. Soyez bienveillant envers vous-même, même lorsque vous rencontrez des défis.
Quand vous mangez, prenez le temps de déguster pleinement chaque bouchée. Soyez conscient des saveurs, des textures et des sensations éprouvées. Dans la même idée, prenez conscience de votre corps.
Conseil n° 4 : Se faire aider par un professionnel
Vous n’êtes pas seul face à l’orthorexie. Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) sont un moyen efficace de déconstruire les pensées problématiques dans les troubles alimentaires, mais aussi dans cette obnubilation de manger sain.
La psychothérapie est essentielle pour se libérer de l’obsession et pour laisser place à une relation plus saine avec la nourriture. Elle vise à réduire les comportements inadaptés et les compulsions, tout en diminuant l’anxiété. En travaillant sur les pensées et les émotions liées à l’alimentation, la psychothérapie permet d’apprendre à modifier les comportements alimentaires.
Avec un psychothérapeute (psychologue ou psychiatre), vous pourrez :
- Réintroduire progressivement certains aliments ;
- Restaurer la liberté de choix ;
- Retrouver du plaisir dans l’alimentation.
En identifiant les schémas de pensées restrictives et les comportements douloureux, les TCC permettent de briser le cercle vicieux de l’obsession alimentaire.
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Les psychologues possèdent les compétences nécessaires pour accompagner le processus de guérison de manière adaptée et bienveillante. Avec un soutien personnalisé, une écoute attentive et des stratégies thérapeutiques, ils favorisent une transformation durable et positive de la relation avec l’alimentation.
La recherche de l’origine du trouble peut être explorée dans le cadre d’une thérapie approfondie, permettant une prise de conscience plus profonde des facteurs sous-jacents qui ont contribué au développement de l’orthorexie.
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