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Hyperphagie boulimique : 3 à 5% de la population serait touchée

Antoine Peytavin et son équipe de psychologues de Psychologue.fr, diplômés et enregistrés au RPPS, rédigent et valident chaque article avec la plus grande rigueur.

Sommaire

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Moins connue du grand public que l’anorexie mentale et la boulimie, l’hyperphagie boulimique est un trouble du comportement alimentaire qui touche 3 à 5 % de la population. Le terme hyperphagie signifie littéralement « manger en excès », du grec ancien hypér (« au-delà ») et phagein (« manger »).

Une personne souffrant d’hyperphagie boulimique perd le contrôle de son alimentation lorsque les crises surviennent. Elle absorbe alors des quantités de nourriture excessives sans être capable de s’arrêter. Ces phases de boulimie ou de frénésie alimentaire passent d’autant plus inaperçues qu’elles ne sont pas suivies de comportements compensatoires. Si l’hyperphagie boulimique présente des symptômes communs avec la boulimie, tout l’enjeu est de différencier ces deux troubles du comportement alimentaire. Plus le diagnostic de l’hyperphagie est posé tôt, plus la prise en charge intervient précocement.

Faisons le point sur les principaux aspects de l’hyperphagie boulimique : symptômes, manifestations, origines de ce trouble, diagnostic et traitements possibles.

Qu’est-ce que l’hyperphagie boulimique ? (Définition)

L’hyperphagie boulimique est un trouble des conduites alimentaires qui se manifeste par des crises de boulimie ou frénésie alimentaire. Si l’hyperphagie et la boulimie se caractérisent toutes les deux par des accès hyperphagiques (ou accès de gloutonnerie), plusieurs critères fondamentaux les distinguent, notamment l’absence de comportements compensatoires post-crise dans l’hyperphagie.

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L’hyperphagie, un trouble du comportement alimentaire (TCA)

L’hyperphagie se classe parmi les troubles du comportement alimentaire (TCA), tout comme la boulimie ou l’anorexie. Il s’agit d’une conduite alimentaire désordonnée intervenant sur un laps de temps limité.

Ce comportement se traduit par un mode de consommation pathologique et une absorption délétère de la nourriture. L’envie impérieuse d’ingérer de grandes quantités de nourriture sans s’arrêter se fait irrépressible. En somme, le sujet fait face à une perte de contrôle totale durant un temps restreint.

Une envie impérieuse, comme une addiction
Cette envie porte un nom : c’est le craving, un terme utilisé dans le domaine des addictions pour caractériser le besoin impulsif et obsédant de consommer une substance.

Quelle différence entre boulimie et hyperphagie ?

Le DSM-5, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, souligne 3 grandes différences entre la boulimie et l’hyperphagie :

HyperphagieBoulimie
Absence de comportement compensatoire inapproprié et récurrentComportement compensatoire inapproprié et récurent (vomissements, utilisation de laxatifs, exercice physique excessif, jeûne)
Absence de régime alimentaire intensif ou prolongé entre les accès hyperphagiquesRégime alimentaire intensif ou prolongé pour corriger le poids et la forme corporelle entre les crises
Meilleure réponse à la prise en chargeTaux d’amélioration inférieur en réponse au traitement

Les signaux d’alarme : symptômes et manifestations de l’hyperphagie

Lorsque l’hyperphagie boulimique passe inaperçue aux yeux des proches et des professionnels de santé, cette dernière évolue souvent vers une forme chronique. Ce qui entraîne à terme des complications somatiques, psychiatriques ou psychosociales.

Sur le site ameli, l’Assurance Maladie souligne l’importance de repérer le plus tôt possible les manifestations de ce trouble alimentaire. Et ce afin que les personnes hyperphagiques bénéficient d’une prise en charge précoce.

Crise d’hyperphagie : quand la gourmandise devient incontrôlable

La principale caractéristique diagnostique de ce trouble repose sur l’absorption, en un temps limité, d’une quantité de nourriture nettement supérieure à ce que la plupart des personnes ingéreraient sur le même laps de temps et dans des circonstances similaires.

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En règle générale, la personne victime de ce trouble mange :

  • Bien plus rapidement que d’habitude ;
  • Jusqu’à éprouver la désagréable sensation de distension abdominale ;
  • De grandes quantités de nourriture sans avoir forcément faim.

Fréquence des accès hyperphagiques

Lorsque ces accès se manifestent au moins une fois par semaine pendant un trimestre, le diagnostic de l’hyperphagie peut être posé. Par exemple, le sujet engloutit en moins d’une heure quatre viennoiseries, un pot de glace et deux tablettes de chocolat. Ce type d’excès intervient hebdomadairement et se répète au fil des mois.

Les professionnels de santé mentale mesurent la sévérité du TCA en fonction de la fréquence des accès hyperphagiques :

  • Léger : 1 à 3 accès hyperphagiques par semaine ;
  • Moyen : 4 à 7 accès hyperphagiques par semaine ;
  • Grave : 8 à 13 accès hyperphagiques par semaine ;
  • Extrême : 14 accès hyperphagiques par semaine ou plus.

Une perte de contrôle totale

Les personnes hyperphagiques ont le sentiment de perdre le contrôle lors des crises. Elles sont incapables de se retenir ou d’arrêter de manger après avoir commencé. La quantité d’aliments absorbés importe davantage que leurs qualités gustatives. D’ailleurs, les sujets souffrant de ce trouble n’évoquent jamais la notion de plaisir gustatif durant ces accès.

L’hyperphagie nocturne
Dans le cas de l’hyperphagie nocturne, les patients répètent les mêmes schémas la nuit et ne se recouchent qu’une fois leur pulsion assouvie. Ce réconfort immédiat leur permet de se rendormir.

Manger ses émotions : le rôle des sentiments dans l’hyperphagie

L’hyperphagie est un cercle vicieux qui croît sur le terreau des émotions. En réponse à une émotion le plus souvent négative (colère, tristesse ou frustration par exemple) les sujets hyperphagiques remplissent le vide qui les envahit par une quantité abusive de nourriture.

Malheureusement, le réconfort est de très courte durée et la culpabilité se manifeste rapidement. Un cercle vicieux s’installe car un nouvel épisode d’hyperphagie boulimique vient répondre à ce sentiment de désespoir.

Les personnes se sentent déprimées et ressentent un fort dégoût vis-à-vis d’elles-mêmes suite à de telles compulsions. Le sentiment de détresse est poussé à son paroxysme. La Classification internationale des maladies (CIM-10) précise que cette frénésie alimentaire traduit un manque ou une détresse dans le domaine personnel, social, familial, professionnel ou scolaire.

Manger en réaction à une émotion
L’étude « L’hyperphagie émotionnelle comme moteur potentiel d’une addiction alimentaire chez de jeunes femmes adultes françaises », publiée en février 2022, explique en détail comment la consommation d’une grande quantité de nourriture en réaction à une émotion peut favoriser l’hyperphagie boulimique. Cela prouve le lien direct entre l’état émotionnel du sujet et son passage à l’acte.

L’hyperphagie sans vomir : un trouble alimentaire silencieux

L’hyperphagie reste un trouble alimentaire silencieux, où le sentiment de honte prédomine. Les hommes et les femmes qui en souffrent essaient de dissimuler leurs symptômes par tous les moyens. Par exemple, ils cachent de la nourriture ou se débarrassent rapidement des emballages alimentaires après une crise.

Les épisodes se déroulent dans le plus grand secret, ou du moins le plus discrètement possible. C’est pourquoi les sujets mangent seuls et évitent certaines situations, bien conscients des quantités de nourriture qu’ils ingèrent.

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Les autres signes révélateurs de la maladie

Plusieurs symptômes psychologiques et somatiques caractérisent les accès hyperphagiques, ou binge-eating disorder. Si les crises ont lieu en cachette, d’autres signes, parfois également conséquences de la pathologie, peuvent apparaître au fil du temps. En effet, l’hyperphagie a des répercussions sur la santé physique mais également mentale.

Une personne souffrant d’hyperphagie peut manifester les symptômes physiques suivant :

  • Des douleurs abdominales ou digestives, nécessitant parfois de s’allonger ;
  • Une fatigue excessive ou chronique ;
  • Une halitose (mauvaise haleine) ;
  • Un reflux gastro-œsophagien ;
  • Des carences nutritionnelles ;
  • Des problèmes de fertilité ;
  • Des caries.

Si l’hyperphagie est rendue visible par le surpoids et l’obésité, la majorité des personnes en situation d’obésité ou en surpoids ne souffrent pas d’hyperphagie. Néanmoins, une prise de poids est possible à cause des accès hyperphagiques réguliers, entraînant parfois des troubles somatiques associés au surpoids et à l’obésité (hypertension, stéatose hépatique…)

Au niveau comportemental et sur le plan psychique, certains signes peuvent être présents :

    • Impulsivité ;
    • Isolement social ;
    • Troubles de la sexualité ;
  • Abus de substances (alcool, drogues…) ;
  • Insomnies, difficultés pour dormir, réveils nocturnes, cauchemars.

Qu’est-ce qui provoque l’hyperphagie ?

Les causes de l’hyperphagie restent très variées, d’où la grande complexité de ce TCA. Aux origines multifactorielles, se superposent des éléments déclencheurs.

Les origines multifactorielles de l’hyperphagie

D’après les auteurs du DSM-5, les accès hyperphagiques semblent plus fréquents dans certaines familles, ce qui pourrait indiquer des facteurs de risque génétiques et physiologiques. D’un point de vue culturel, ce trouble du comportement alimentaire touche le même pourcentage de la population au sein des pays industrialisés : États-Unis, Canada, Europe, Australie, Nouvelle-Zélande.

L’hyperphagie peut être corrélée à certaines pathologies psychiatriques : troubles bipolaires, troubles dépressifs (mélancolique, saisonnière, souriante, post-partum ou amoureuse), troubles anxieux.

Attention aux restrictions alimentaires
Même si cela peut sembler paradoxal, l’hyperphagie se manifeste davantage chez les personnes désireuses de maigrir que dans la population générale. Les régimes restrictifs génèrent de la frustration alimentaire tandis que le corps n’obtient pas les ressources dont il a besoin, ce qui peut conduire à des accès hyperphagiques, notamment en cas d’orthorexie.

Les éléments déclencheurs les plus fréquents

Certains éléments déclenchent ou aggravent les accès hyperphagiques :

  • Des facteurs de stress, liés à la vie professionnelle, familiale ou personnelle ;
  • Des traumatismes (décès, violence, agression sexuelle, relation toxique) ;
  • Une dépréciation de son image corporelle et une faible estime de soi ;
  • Des troubles de l’humeur ;
  • La grossophobie.

Les populations à risque

D’après la Haute autorité de santé, l’hyperphagie boulimique touche autant les hommes que les femmes (alors que les femmes sont plus nombreuses à souffrir de boulimie ou d’anorexie mentale). Les adolescents et les jeunes adultes sont les plus à risque de développer des troubles des conduites alimentaires dont l’hyperphagie boulimique.

En ce qui concerne les enfants, c’est surtout la perte de contrôle sur le plan alimentaire qui est notable à leur âge, sans toutefois être liée à une consommation de nourriture excessive. Ces tendances sont corrélées par une prise de poids significative et des symptômes psychologiques.

Le saviez-vous ?
Le diagnostic de l’hyperphagie boulimique est le plus souvent posé à l’âge adulte. D’où l’intérêt de faire la lumière sur ce trouble afin de le détecter chez des patients plus jeunes.

Comment savoir si on fait de l’hyperphagie boulimique ?

Si votre comportement alimentaire vous inquiète et que vous pensez souffrir d’hyperphagie boulimique, sachez qu’il existe plusieurs outils d’auto-évaluation. Ces tests constituent une première étape vers la guérison s’ils sont suivis d’une consultation médicale puis d’un suivi thérapeutique.

Des tests pour évaluer son comportement alimentaire

Pour évaluer votre comportement alimentaire, répondez par oui ou par non aux 15 questions ci-dessous. Si vous avez plus de 8 réponses positives, il se peut que votre comportement alimentaire révèle une hyperphagie boulimique.

  1. Avez-vous pris plus de 5 kilos ces 3 derniers mois ?
  2. Avez-vous parfois tendance à manger tous les aliments ultra-transformés ou non qui vous tombent sous la main ?
  3. Face à une émotion négative, ressentez-vous le besoin de manger ?
  4. De fortes douleurs abdominales mettent-elles parfois fin à votre prise alimentaire ?
  5. Souffrez de troubles digestifs comme des ballonnements, des diarrhées ou de la constipation ?
  6. Subissez-vous des brûlures d’estomac ou des régurgitations acides ?
  7. Vous levez-vous la nuit pour aller manger ?
  8. Ressentez-vous l’envie de vous allonger ou de dormir après avoir mangé ?
  9. Avez-vous souvent des caries ?
  10. Avez-vous l’impression de perdre le contrôle lorsque vous mangez, comme si vous étiez pris d’une sorte de pulsion ?
  11. Préférez-vous vous isoler pour manger ?
  12. Arrivez-vous à distinguer clairement la sensation de faim de la sensation de satiété ?
  13. Ressentez-vous parfois une forte culpabilité après avoir mangé, voire une forme de honte ?
  14. Avez-vous tendance à fuir les repas de famille, les sorties au restaurant ou les dîners entre amis ?
  15. Cachez-vous parfois de la nourriture ?

Le questionnaire SCOFF-F

Le questionnaire SCOFF-F est un court test imaginé pour détecter un éventuel trouble alimentaire. Il est notamment destiné à des non-professionnels de santé. Répondez par oui ou par non aux cinq questions ci-dessous. Un résultat égal ou supérieur à deux points peut révéler un trouble du comportement alimentaire (et éventuellement une hyperphagie boulimique selon les réponses).

  1. Vous êtes-vous déjà fait vomir parce que vous ne vous sentiez pas bien l’estomac plein ?
  2. Craignez-vous d’avoir perdu le contrôle des quantités que vous mangez ?
  3. Avez-vous récemment perdu plus de six kilos en moins de trois mois ?
  4. Pensez-vous que vous êtes trop gros alors que les autres vous considèrent comme trop mince ?
  5. Diriez-vous que la nourriture occupe une place dominante dans votre vie ?

L’auto-questionnaire B.I.T.E.

L’auto-questionnaire B.I.T.E. (Bulimic Investigatory Test Edinburgh) est utilisé dans les pays anglo-saxons pour identifier la boulimie ou l’hyperphagie boulimique, ainsi que le degré de sévérité du trouble. En tant qu’outil de diagnostic, le patient le remplit en se basant sur son comportement alimentaire des trois derniers mois. Certaines questions sont basées sur la fréquence des actions.

Vous quelques exemples de questions posées dans ce test :

  • Mangez-vous chaque jour selon un schéma régulier ?
  • Mangez-vous raisonnablement quand vous êtes en compagnie de quelqu’un, tout en vous « rattrapant » quand vous êtes seul ?
  • Avez-vous tendance à manger beaucoup lorsque vous êtes angoissé ?
  • Avez-vous honte de vos habitudes alimentaires ?
  • Vous arrive-t-il de manger en cachette ?

Le diagnostic clinique : l’importance d’une consultation médicale

Si les auto-questionnaires constituent un premier support pour mettre au jour un TCA comme l’hyperphagie boulimique, seule une consultation médicale permet d’effectuer officiellement le diagnostic clinique du trouble.

Prendre rendez-vous chez son médecin traitant

Si vous pensez être touché par l’hyperphagie, le premier réflexe est de prendre rendez-vous chez votre médecin traitant. En tant que généraliste, il est, dans un premier temps, le plus à même de poser le diagnostic de l’hyperphagie boulimique.

Votre médecin traitant vous orientera ensuite vers des confrères spécialisés en troubles des conduites alimentaires : psychologue spécialisé en TCA ou psychiatre. Le psychiatre étant un médecin spécialiste de la santé mentale, il peut vous prescrire des médicaments tout comme votre médecin traitant. Un traitement médicamenteux reste une béquille nécessaire si vous souffrez de dépression chronique ou de troubles anxieux en parallèle de l’hyperphagie.

L’évaluation clinique globale initiale

L’évaluation clinique globale initiale prend en compte plusieurs aspects pour poser le diagnostic d’hyperphagie boulimique : somatiques, nutritionnels et psychiatriques. C’est pourquoi des professionnels de spécialités différentes peuvent intervenir dans ce cadre.

Le symptôme principal, les accès hyperphagiques, seront pris en compte et analysés : durée des épisodes, depuis combien de temps, fréquence de survenue, modalité d’apparition (par exemple, suite à un sentiment de colère), déroulement (dans quel lieu, de quelle manière, quelles quantités…).

Une évaluation psychiatrique complète généralement le bilan somatique initial. La recherche d’antécédents permet également d’établir le diagnostic clinique.

Recherche d’antécédentsBilan somatique initialRecherche de comportements et troubles corrélés
  • Surpoids ou obésité, variation rapide du poids, chirurgie bariatrique
  • Agression, maltraitance (abus psychologiques, physiques, sexuels)
  • Troubles psychiatriques et additifs individuels et/ou familiaux
  • TCA individuels et/ou familiaux

 

  • Evaluation staturo-pondérale (avec calcul de l’IMC et détermination de l’état nutritionnel)
  • Examen cardiovasculaire
  • Examen gastro-entérologique
  • Examen dermatologique
  • Examen musculaire
  • Bilan endocrino-gynécologique
  • Bilan biologique
  • Idées suicidaires ou tentatives de suicide
  • Automutilations
  • Comportements impulsifs
  • Troubles de l’humeur tels que la dépression et les troubles bipolaires
  • Troubles anxieux
  • Troubles obsessionnels compulsifs
  • Troubles de la personnalité
  • Addictions (drogues, alcool, sexe, sport…)
  • Trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH)

Comment soigner l’hyperphagie boulimique ?

L’hyperphagie boulimique se soigne avec une prise en charge médicale adaptée. Tout l’enjeu est d’instaurer une relation de confiance entre le praticien, le patient et son entourage. La Haute autorité de santé insiste d’ailleurs sur l’importance de l’alliance thérapeutique dès l’initiation des soins.

En outre, l’objectif des soins ne se focalise pas uniquement sur l’espacement des crises d’hyperphagie boulimique jusqu’à leur totale disparition. Le succès du traitement repose sur le traitement des dysrégulations émotionnelles et des dimensions psychiques associées.

Il s’agit également de donner des clés au patient pour qu’il rétablisse un comportement alimentaire adapté. Les soins visent des objectifs thérapeutiques plus vastes : complications somatiques, psychiques, sociales et relationnelles.

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Traitement de l’hyperphagie : des approches personnalisées

Le traitement de l’hyperphagie boulimique repose sur des approches personnalisées. Le traitement ayant davantage fait ses preuves reste la thérapie cognitive et comportementale, avec un taux de rémission supérieur ou égal à 60 %. Ces chiffres prouvent que l’hyperphagie n’est pas une fatalité et que vous pouvez vous en libérer si vous (ou un proche) êtes confronté à ce TCA.

La psychothérapie interpersonnelle s’avère tout aussi efficace sur le long terme. Les auteurs du Manuel MSD précisent qu’un traitement médicamenteux peut présenter une utilité sur le court terme.

Thérapie cognitive et comportementale (TCC)Psychothérapie interpersonnelle (TIP)Traitements médicamenteux
ObjectifAgir sur ses schémas de pensée délétères et induire de nouveaux comportementsRecréer des liens sécures avec les autresEspacer les accès hyperphagiques
EfficacitéLong termeLong termeCourt terme
Nombre de séances moyen1512X

La thérapie cognitive et comportementale (TCC)

Cette psychothérapie vous invite à travailler sur vos pensées, vos émotions et votre comportement pour vous libérer de l’hyperphagie. Le thérapeute (psychologue ou psychiatre) met plusieurs outils à votre disposition afin que vous vous libériez de vos pensées négatives et que vous introduisiez de nouveaux comportements dans votre quotidien.

Vous apprenez ainsi à déconstruire les schémas de pensées délétères qui vous font tant souffrir. La TCC vous aide à mieux gérer vos émotions en vous rendant acteur de vos soins, pendant et entre les séances. La thérapie cognitive et comportementale demande une quinzaine de séances.

La psychothérapie interpersonnelle (TIP)

La psychothérapie interpersonnelle est moins démocratisée en France que la TCC mais elle présente un taux de succès similaire. Ce type de psychothérapie se concentre sur vos relations avec les autres et les obstacles que vous rencontrez. Les interactions sociales peuvent entraîner une large palette de sentiments causant une souffrance psychologique : la solitude, la tristesse, la colère, etc.

Lors des séances, le psychologue (ou psychiatre), vous aide à mieux identifier les émotions qui vous traversent et à les exprimer lorsque vous êtes face aux autres. Il vous permet de vous détacher du bagage émotionnel dont vous avez du mal à vous délester. En somme, la psychothérapie est un traitement efficace pour recréer des liens d’attachement sains et sécurisants avec les autres et, à terme, sortir de l’hyperphagie boulimique.

Les traitements médicamenteux

Les traitements médicamenteux ne remplacent pas une psychothérapie pour soigner l’hyperphagie boulimique. On reconnaît leur efficacité à court terme uniquement. Les traitements médicamenteux les plus fréquents pour limiter les accès hyperphagiques sont :

  • Les antidépresseurs, de type inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ;
  • La lisdexamfétamine (dans le traitement de l’hyperphagie boulimique modérée à sévère) ;
  • Les médicaments coupe-faim, tels que le topiramate ;
  • Les médicaments induisant une perte de poids, de type orlistat.

Les 3 conseils de nos experts pour sortir de l’hyperphagie boulimique

Vous êtes capable de vous libérer de cette prison que représente l’hyperphagie boulimique. Les professionnels de santé, psychologues et médecins vous accompagneront durant ce processus : il est important de vous rapprocher d’eux si vous êtes en souffrance. Au quotidien, vous pouvez vous détacher des compulsions alimentaires en adoptant de nouvelles habitudes.

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Reprenez plaisir à manger grâce à un rééquilibrage alimentaire

Retrouvez le plaisir de manger des aliments sains et variés. Halte aux régimes hyper restrictifs et aux privations. Ils ne font que vous maintenir dans une forme de frustration et de culpabilité. Tournez-vous vers un diététicien nutritionniste afin de mettre en place un rééquilibrage alimentaire. Ce professionnel vous accompagne dans votre parcours pour reprendre le contrôle de votre alimentation et vos menus.

Pratiquez une activité physique régulière

Saviez-vous que l’activité physique stimulait la sécrétion des hormones régulatrices de l’humeur ? Pas de panique si vous n’aimez pas faire du sport. Choisissez une activité physique qui vous fait du bien tout en vous permettant de vous aérer l’esprit : balade à la campagne, bricolage, jardinage…

Apprenez à décoder vos émotions

Vos émotions sont directement liées aux accès hyperphagiques. Il est important que vous appreniez à les décoder et à les accepter. Après une crise par exemple, ne vous autoflagellez pas. Cela entretient le cercle vicieux de l’hyperphagie. Dites-vous que vous êtes humain. Vous avez perdu le contrôle, ça ne signifie pas pour autant que vous n’allez pas sortir de ce TCA. Posez-vous et analysez les éléments déclencheurs de la crise.

L’hyperphagie, un TCA dont on peut guérir

L’hyperphagie boulimique reste difficile à détecter, d’autant plus qu’une situation de surpoids ou d’obésité n’est pas forcément corrélée à ce trouble du comportement alimentaire. Les patients peinent à parler de leur détresse, souvent à cause du poids de la honte et de culpabilité.

C’est pourquoi la bienveillance de l’entourage et des professionnels de santé participent à l’établissement du diagnostic dans un premier temps, puis à la guérison dans un second temps. Les accès hyperphagiques ne sauraient être considérés uniquement comme un déséquilibre nutritionnel. Une prise en charge efficace des patients prend en compte leur état de santé physique et mental.

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