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Bigorexie : 8 signes pour identifier une addiction au sport

Antoine Peytavin et son équipe de psychologues de Psychologue.fr, diplômés et enregistrés au RPPS, rédigent et valident chaque article avec la plus grande rigueur.

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La bigorexie, en avez-vous déjà entendu parler ? Derrière ce terme inhabituel se cache une dépendance comportementale reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé en 2011. Il s’agit de la dépendance au sport ou aux activités physiques. Si nous avons idéalisé le fait de se dépenser comme étant un remède à tous les maux, il s’avère qu’à l’instar de nombreuses pratiques et loisirs, cela peut aussi tourner à l’obsession et avoir des conséquences délétères à l’origine d’une souffrance extrême.

Mais quand parle-t-on de bigorexie exactement ? Quels en sont les signes ? Existent-ils des tests ou des diagnostics pour la détecter ? Découvrez toutes les réponses à vos questions dans cet article.

Qu’est-ce que la bigorexie ? (Définition)

La bigorexie désigne une dépendance au sport, aux activités physiques et à l’effort. Il ne s’agit donc pas d’une addiction liée aux produits comme l’addiction au chocola ou l’addiction au sucre, mais bien d’une dépendance comportementale.

La pratique de l’activité sportive – musculation, course à pied, natation, vélo ou autre – procure une sensation de bien-être, une désinhibition et un sentiment de soulagement. Cela favorise l’accoutumance et le besoin impérieux de faire plus de sport encore pour obtenir satisfaction. L’arrêt de la pratique va alors provoquer un syndrome de manque qui se manifestera tant au niveau physique que psychique.

Quels sont les signes de la bigorexie ?

Entre une simple passion et une pratique obsessionnelle, la frontière est mince. Il en devient parfois compliqué de repérer les signes de la bigorexie, d’autant plus que ceux-ci ne se rapportent pas à la courbe de poids de celui qui en souffre. Le profil psychologique et le comportement cognitif sont les plus énonciateurs de la dépendance, mais on peut également observer des signes sur le plan physique.

Signe n° 1 : L’épuisement physique

Quand le sport devient une addiction, l’épuisement général représente l’un des premiers signes prodromiques. En réalité, avec leur penchant pour le dépassement de soi, les sport-addicts s’adonnent à des séances exagérément intenses jusqu’à ignorer les alertes qu’envoient leurs corps.

Fatigue persistante, maux de tête, perturbation du sommeil, le surmenage peut se révéler à travers de nombreux aspects. Selon leurs fragilités individuelles, les bigorexiques vont également ressentir certaines douleurs au niveau du dos et de la musculature. Cet épuisement est en réalité induit par une récupération insuffisante après des séries d’entraînements intenses et prolongées.

Signe n° 2 : La fracture de fatigue, la maladie des bigorexiques

La fracture de fatigue est une des manifestations et conséquences négatives les plus fréquentes de la dépendance aux activités physiques. Il s’agit d’une lésion osseuse qui apparaît suite à une sollicitation excessive et répétée de l’os. On parle également de fracture de stress ou fracture de contrainte.

Dans un premier temps, les douleurs causées par cet incident cessent lorsque vous arrêtez de solliciter la zone concernée, mais à long terme, elles finissent par persister même au repos ou quand vous n’êtes pas en appui.

Les membres inférieurs souvent touchés
Ce signe peut se manifester à n’importe quelle zone où il y a surmenage, mais on l’observe très souvent au niveau des membres inférieurs : tibia, pied, talon, fémur, genou, rotule. La hanche, le bas du dos, le bassin et exceptionnellement le coude et le poignet peuvent également subir une fracture de fatigue.

Signe n° 3 : Les déchirures musculaires

La bigorexie peut s’exprimer à travers une déchirure musculaire, ce qui correspond à une rupture des fibres musculaires. Il s’agit d’un des plus grands dangers concernant cette dépendance. Encore une fois, elle est due à une pratique sportive trop intense.

Si elle se caractérise parfois par une simple élongation, cet accident très en vogue chez les sportifs et surtout les addicts peut provoquer jusqu’à la rupture d’un muscle ou la rupture du tendon, dans des cas très avancés. Et ceux qui en ont déjà souffert savent à quel point elle est extrêmement douloureuse.

Signe n° 4 : Le complexe d’adonis ou « anorexie inversée »

Quand le perfectionnisme atteint la sphère physique, cela provoque ce qu’on appelle le complexe d’adonis, aussi connu sous l’appellation anorexie inversée ou dysmorphie musculaire. Cette manifestation de la bigorexie concerne principalement les amateurs ou les professionnels de la musculation. Le complexe d’adonis désigne une contemplation particulière des abdominaux bien taillés et des biceps et triceps bien charpentés.

Elle se présente donc par une insatisfaction vis-à-vis des résultats des exercices, nonobstant leur intensité et leur régularité. A contrario des individus souffrant d’anorexie mentale, ceux qui sont atteints de dysmorphie musculaire ne se trouvent jamais assez gros, ni assez musclés. Sur le long terme, cette préoccupation immodérée concernant l’apparence physique va venir altérer leur estime et l’image corporelle qu’ils ont d’eux-mêmes.

Signe n° 5 : La culpabilité et l’irritabilité, les conséquences du manque

En principe, le manque d’exercice ou l’inachèvement d’un entraînement n’est pas censé être à l’origine d’émotions négatives, même chez les passionnés (de la déception et une humeur maussade éventuellement). Pourtant, lorsque la pratique sportive prend une tournure addictive, cela peut induire des réactions émotionnelles excessives.

Culpabilité et irritabilité se bousculent alors dans l’esprit des sport-addicts quand, par malheur, ils sont obligés de manquer une séance d’entraînement ou qu’ils sont dans l’incapacité de terminer les exercices qu’ils se fixent quotidiennement. Quand le syndrome de manque atteint un niveau plus élevé, cela peut conduire jusqu’à une anxiété généralisée, surtout lorsque l’épuisement physique a pris place depuis longtemps.

Dans les cas les plus extrêmes, cette détresse psychique va exhorter le bigorexique à compenser affectivement par la prise de drogues, la consommation de caféine ou d’alcool, l’adoption de comportements suicidaires ou le développement de troubles compulsifs alimentaires.

Signe n° 6 : Un désintérêt général pour tout ce qui ne touche pas au sport

Vous commencez à perdre de l’intérêt par rapport à tout ce qui ne touche pas au sport ou à l’effort physique ? Rien ne vous émeut à part l’entraînement, les protéines, l’alimentation healthy, les équipements sportifs, les salles de sport, etc. ? Alors il se peut que vous souffriez de bigorexie. En effet, ce type de dépendance comportementale entraîne un désintérêt général et une perte de motivation pour les choses autres que les activités physiques.

Que ce soit le travail, les études, la famille, les relations sociales, tout semble anodin aux yeux des bigorexiques. Ce sentiment provoque très souvent un effondrement de la stabilité sociale et professionnelle. Sans retenue, ils vont tout sacrifier pour la pratique sportive : leur temps, leur argent et toute leur attention.

D’ailleurs, ce signe est commun à toutes les formes d’addiction comme l’alcoolodépendance, la toxicomanie, la dépendance aux jeux d’argent, la dépendance au sexe, etc.

Signe n° 7 : Une incapacité à se concentrer

Le sport, devenu une prison sans barreau pour le bigorexique, monopolise toute l’attention de ce dernier. Il est obnubilé par ses capacités physiques et sportives et semble avoir des difficultés à se concentrer sur autres choses que celles-ci. Cette déficience cognitive survient essentiellement à la suite d’un syndrome de sevrage.

Quand le corps et le cerveau ne jouissent pas de leurs doses quotidiennes d’endorphine et de dopamine, ils vont réagir en réponse à ce manque en altérant légèrement les capacités cognitives de l’individu. Ce dernier va ainsi avoir des difficultés à focaliser son attention sur des tâches quotidiennes.

Signe n° 8 : Un manque de vigilance

Le manque de vigilance peut également être un signe de la bigorexie. En effet, le besoin compulsif de s’entraîner de manière excessive et prolongée va provoquer une fatigue physique et mentale, ce qui va être à l’origine d’un manque de sommeil et d’une diminution de la vigilance. D’autre part, ce signe s’explique également par le manque de récupération dont font l’objet les bigorexiques.

En réalité, lorsque le corps travaille en surmenage, cela va mener à une perturbation hormonale et un déséquilibre des neurotransmetteurs et venir déstabiliser l’état de vigilance. Le manque se traduira alors par la diminution des réflexes, la réduction des capacités de coordination et l’altération de la prise de décision. Ainsi, le risque d’accidents va augmenter de façon importante.

Quand devient-on bigorexique ?

On déclare souvent que l’on devient bigorexique lorsqu’on pratique une activité physique pendant au moins 10 heures par semaine. Toutefois, il est important de comprendre que la présence de la bigorexie ne se mesure pas au temps passé à faire du sport.

Vous devenez bigorexique à partir du moment où les activités physiques ont des répercussions péjoratives sur votre vie privée ou professionnelle. D’autre part, l’évolution pondérale ne permet pas non plus de déterminer si une personne est bigorexique ou non.

Par ailleurs, rappelez-vous que la bigorexie est une dépendance insidieuse. Elle ne touche pas tout le monde et on ne devient pas non plus bigorexique du jour au lendemain. Généralement, on l’observe chez les sportifs de haut niveau, mais elle peut également se manifester chez les sportifs à activité moyenne.

La prévalence chez les individus actifs
En termes de prévalence chez les individus physiquement actifs, entre 10 à 15 % des personnes pratiquant intensément une activité physique sont touchées par cette addiction au sport.

Comment savoir si on est bigorexique ? Diagnostic et test à réaliser

Le diagnostic de l’addiction au sport est établi lorsqu’au moins 3 des signes précités sont présents simultanément chez un individu pendant une année. Toutefois, seuls les médecins, les psychologues et les psychiatres peuvent poser ce diagnostic et ces derniers ne se basent pas uniquement sur le nombre de signes observés chez le sujet.

Une échelle d’évaluation de la bigorexie développée par un groupe de chercheurs et psychologues britanniques – Terry, Szabo et Griffiths – est généralement utilisée par la plupart des psychologues d’Europe actuellement. Il s’agit de l’Exercice Addiction Inventory ou EAI. Ce test repose sur la définition de l’addiction comportementale aux exercices physiques établie par le Dr. Griffiths.

Selon lui, ce type d’addiction se définit autour de 6 composantes :

  • Saillance : l’activité physique constitue l’activité la plus importante de la vie du sujet ; elle occupe ses pensées, ses sentiments, ses comportements ;
  • Conflit : à quel point la pratique de l’activité addictive est source de conflit interpersonnelle ;
  • Modification de l’humeur : l’action du sport sur l’humeur de la personne. Il s’agit d’une constatation totalement subjective ;
  • Tolérance : le rythme d’augmentation de la pratique de l’activité pour pouvoir ressentir le même niveau d’euphorie qu’avant, sachant que le cerveau devient de plus en plus tolérant au fil du temps face au même stimulus ;
  • Syndrome de manque : le niveau de mal-être ressenti à l’arrêt ou à la diminution de la pratique ;
  • Rechute : le risque de récidive des comportements addictifs.

C’est à partir de ces composantes que l’EAI a tiré ses 6 items, cotés sur une échelle de 1 à 5.

Références

Sport et santé (2020), Hélène Berdoues
The exercise addiction inventory: a quick and easy screening tool for health practitioners (2005), Terry, Szabo, Griffiths

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