Le trouble bipolaire est classé parmi les 10 pathologies les plus invalidantes selon la Haute Autorité de la Santé. L’enjeu est alors de taille pour comprendre et traiter la bipolarité. Toutefois, comme il s’agit d’une pathologie complexe, très peu de patients sont diagnostiqués correctement et encore moins bénéficient d’un traitement adapté. Mais pour éviter un diagnostic tardif ou inapproprié, il est important d’en connaître un minimum sur la pathologie. Dans cet article, découvrez les causes de la pathologie ainsi que les traitements qui fonctionnent à l’heure actuelle.
Quelles sont les causes de la bipolarité ?
Personne n’est à l’abri des aléas affectifs que nous réservent la vie et nos relations. Il n’est pas rare d’éprouver des humeurs variées de temps en temps. Aux origines de ces petites fluctuations thymotiques, on identifie souvent des événements déclencheurs. Mais est-ce également le cas lorsque les sautes d’humeur proviennent d’un trouble bipolaire ? En réalité, aucune étude n’a permis d’établir une cause unique pour cette pathologie. Il existe cependant quelques facteurs risques favorisant son apparition.
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Cause n° 1 : L’hérédité
De nombreux travaux de recherche ont permis d’établir que l’hérédité serait à l’origine d’un trouble bipolaire. Dans 60 à 80 % des cas de bipolarité, la vulnérabilité génétique constitue l’une des principales causes. En effet, aujourd’hui, il est fréquent de diagnostiquer plusieurs cas dans une même famille.
Si un parent, une sœur ou un frère en souffre, vous avez plus de 60 % de risque d’en souffrir également. Toutefois, même si les prédispositions familiales jouent dans plus de la moitié des cas, le trouble bipolaire ne se manifeste qu’à l’issue de facteurs environnementaux.
Cause n° 2 : Les facteurs environnementaux
Les épisodes dépressifs et maniaques se succèdent également à la faveur de certains facteurs environnementaux. En effet, les premiers symptômes apparaissent ultérieurement à une situation jugée stressante ou traumatisante (manque de sommeil, pression au travail, déménagement, perte d’un proche, décalage horaire, des abus durant l’enfance…).
Cause n° 3 : La consommation de substances ou de médicaments
Certains médicaments ou substances constituent un élément possible de cause dans l’apparition d’émotions à l’intensité démesurée. Vous avez 5 fois plus de risque de développer un trouble bipolaire si vous êtes de ceux qui consomment des substances psychoactives illicites.
Parfois, une consommation abusive ou addictive d’alcool et de certains stimulants peut également déclencher les symptômes de la bipolarité. Outre ces substances, il n’est pas rare d’observer des épisodes maniaques et dépressifs s’alterner chez une personne sujette à certains traitements médicamenteux. Un sujet prédisposé qui est traité sous corticoïdes ou antidépresseurs, par exemple, peut présenter un risque de développer la pathologie.
Cause n° 4 : L’état neurologique
Les troubles maniaco-dépressifs n’épargnent pas les patients sur lesquels une anomalie des médiateurs chimiques au niveau cérébral a été observée. Selon les études, l’activité dopaminergique connaît un dérèglement chez les bipolaires : pendant un épisode dépressif, le taux de dopamine est très faible, mais augmente durant les épisodes de manie.
Par ailleurs, ils sont également sujets à une augmentation du taux d’acétylcholine pendant toutes les phases du trouble. Enfin, il est également possible d’observer que le taux de noradrénaline et de sérotonine diminue dans la dépression et augmente durant la manie.
Cause n° 5 : Le développement de certaines maladies
Quelques maladies peuvent également déclencher des crises bipolaires : une infection du système nerveux, une sclérose en plaques, un accident vasculaire cérébral, une lésion cérébrale traumatique, un asthme, une hyperthyroïdie, une infection virale (toxoplasmose, herpès, etc.).
Peut-on devenir bipolaire du jour au lendemain ?
Il est possible de passer de la joie à la colère en seulement quelques minutes, mais on ne devient pas bipolaire du jour au lendemain. Les sautes d’humeur brusques et brutales (chez les non-bipolaires) provoquées par des événements déclencheurs disparaissent rapidement lorsque la situation stressante s’arrange. En ce qui concerne le trouble bipolaire, les symptômes sont latents et se manifestent plutôt sur la durée.
Comment soigner et guérir le trouble bipolaire ?
Suicide, alcoolisme, toxicomanie, croyance fausse et illogique, licenciement et même emprisonnement, les complications de la bipolarité sont multiples et dangereuses. Qui plus est, lorsqu’il n’est pas traité, le patient subit de plus belle ses accès d’humeur, sachant que sans traitement ni suivi, les épisodes maniaques et dépressifs se poursuivent de manière très fréquente.
Leur intensité est également à même de monter d’un cran. Pour ne pas subir cette pathologie invalidante et désagréable, il est important de suivre un traitement et un accompagnement adapté pour vous permettre de retrouver le maniement de votre propre vie. Nos experts vous partagent les traitements les plus efficaces pour soutenir l’équilibre de votre humeur.
Les traitements pharmaceutiques
Les traitements de la bipolarité s’appuient principalement sur une prise en charge médicamenteuse. Dans ce cadre, on retrouve les stabilisateurs de l’humeur, les antipsychotiques, les anticonvulsivants et les antidépresseurs.
Stabilisateur de l’humeur : le lithium
Parmi les stabilisateurs d’humeur, le lithium est le plus utilisé à cet effet. Il aide à atténuer la manie, à abréger la durée des épisodes, mais aussi à les empêcher de réapparaître et de s’aggraver. Ce type de traitement est prouvé actif chez les sujets ayant des antécédents familiaux de dépression, ceux qui connaissent des épisodes maniaques modérés ou graves ou ceux qui deviennent résistants à certains médicaments.
Comme il met quelques jours à prendre effet, le traitement à base de lithium est généralement combiné à un autre type de médicaments qui agit plus rapidement (anticonvulsivant, antipsychotique), surtout lorsque les symptômes sont graves.
Bien que l’utilisation du lithium s’avère efficace, elle peut avoir quelques effets indésirables : somnolence, soif, complications rénales, envie accrue et fréquente d’uriner, nausées, prise de poids, tremblements involontaires des mains, contractions musculaires, vomissements et diarrhée.
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Les antipsychotiques
Olanzapine, rispéridone, aripiprazole, ou bien ziprasidone, ces antipsychotiques sont utilisés pour réduire les symptômes de la manie, mais aussi les symptômes psychotiques (désillusions, hallucinations, etc.). Ils traitent le plus souvent les épisodes soudains, car ils agissent rapidement. Pour le traitement de la phase dépressive du trouble bipolaire, la quétiapine administrée en accompagnement d’un antidépresseur s’avère très efficace.
En termes d’effets secondaires, il est prouvé que les antipsychotiques sont moins délétères comparés aux autres médicaments. À long terme, on constate une prise de poids, une hypertension artérielle, une accumulation de graisse viscérale, un niveau de cholestérol instable, une insulino-résistance et une glycémie élevée.
Les anticonvulsivants ou antiépileptiques
Les anticonvulsivants ou antiépileptiques sont généralement donnés en traitement de première intention. Ils sont utilisés pour leur propriété stabilisante pour l’humeur. Cependant, a contrario du lithium, ils n’attaquent pas les reins. Valproate ou carbamazépine, ces types d’anticonvulsivants servent à traiter les épisodes maniaques, ou les épisodes mixtes. Ils peuvent induire une réduction des globules blancs et rouges, des lésions hépatiques chez les enfants, une dégradation du pancréas.
Quant à la lamotrigine, elle est exploitée pour contrôler les sautes d’humeur et soigner la dépression. Ses effets secondaires sont de nature allergénique : éruption cutanée (du rectum ou des organes génitaux), glandes enflées, gonflement des lèvres ou de la langue, aphtes dans la bouche, cloques sur les yeux. Dans certains cas, elle peut également provoquer de la fièvre.
Les antidépresseurs
Les antidépresseurs peuvent servir à traiter les dépressions sévères chez les personnes atteintes de trouble bipolaire. Afin de fournir une meilleure humeur aux patients, ces types de traitement agissent au niveau des neurones en modifiant leur communication chimique. Ce qui permet d’établir un équilibre dans la zone cérébrale.
Pour éviter un passage brusque en épisode maniaque, il est important de combiner le traitement avec un stabilisateur d’humeur, chez les personnes souffrant de trouble bipolaire. Certains médecins administrent également les antidépresseurs en association avec des antipsychotiques atypiques.
Les traitements psychothérapeutiques
Il est possible d’associer les stratégies médicamenteuses à d’autres pistes de traitement, comme la psychothérapie. Le but de ce type de traitement est de fournir un soutien aux patients, pour identifier et modifier leurs émotions, ainsi que les pensées et comportements nocifs à leur bien-être. Dans cette optique, la psychothérapie peut se réaliser en groupe (avec un conjoint ou un proche) ou individuellement.
La thérapie cognitive et comportementale (TCC)
La thérapie cognitive et comportementale (TCC) soigne les troubles anxieux ainsi que les troubles dépressifs. Elle est donc très utilisée dans la réduction des symptômes de la phase dépressive de la bipolarité. Son principe : aider le patient à lutter contre les pensées négatives en améliorant les comportements et réactions nuisibles.
Elle permet de retrouver une estime de soi, de s’affirmer, de sortir de la culpabilité chronique induite par la dépression, mais aussi de réduire l’irritabilité provoquée par la manie. Aujourd’hui, la thérapie cognitivo-comportementale est également utilisée dès les premiers signes d’une dépression amoureuse.
La psychothérapie interpersonnelle et des rythmes sociaux (PTIRS)
La psychothérapie interpersonnelle et des rythmes sociaux (PTIRS) a démontré son efficacité dans le traitement des troubles bipolaires. Elle est issue de la psychothérapie interpersonnelle pour la dépression chronique. Cette technique permet de prévenir les phases maniaques, hypomaniaques et dépressives, mais aussi de rallonger l’intervalle entre leur fréquence d’apparition. Dans un cadre clinique, la psychothérapie interpersonnelle et des rythmes sociaux est constituée de 3 composantes :
- La psychoéducation : qui est axée sur la compréhension du trouble, ses causes, ses conséquences, son traitement, les effets secondaires qui en découlent, les signes prodromiques et les symptômes de rechute. Elle se pratique idéalement en groupe, mais peut également s’appréhender en séances individuelles. L’objectif de cette thérapie est d’augmenter l’adhérence au traitement de la maladie, prévenir les récidives, réduire le nombre et la durée des épisodes sévères, limiter les répercussions de la maladie sur la vie quotidienne des patients (personnelle, professionnelle, familiale, sociale).
- Les interventions sur les rythmes sociaux : les études qui ont permis d’établir la thérapie des rythmes sociaux soutiennent qu’un rythme quotidien stable permettrait d’améliorer l’humeur. L’objectif est donc de pouvoir instaurer des routines régulières : horaire de sommeil régulier, heure de repas fixe, activités physiques chaque matin, etc. La stabilité commence ainsi avec un changement graduel du style de vie.
- Les interventions interpersonnelles : cette dernière composante vise à apporter des améliorations concernant les dysfonctionnements des relations interpersonnelles. Selon cette thérapie, il y aurait un lien entre les événements de vie, l’humeur et les rythmes sociaux. Elle vise alors à gérer les conflits interpersonnels, les deuils, les changements de rôle et la sensibilité interpersonnelle.
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La thérapie systémique familiale
Une prise en charge pragmatique et centrée sur le présent, la thérapie systémique familiale nécessite la participation de la famille. Elle permet d’améliorer les relations familiales ou les relations de couple en visant à gérer les problématiques au sein de l’ensemble. À l’issue de la thérapie, chaque membre devra avoir la capacité à faire face à des troubles maniaques ou dépressifs et à identifier les signes avant–coureurs de nouveaux épisodes.
Bien que le traitement du trouble bipolaire inclût habituellement des prises en charge médicamenteuses, la psychothérapie constitue une solution souvent indispensable. En dehors de la technique thérapeutique choisie, l’importance de la relation patient/thérapeute revêt un caractère capital. Si la connexion fait défaut, il est essentiel de l’aborder avec son thérapeute ou d’en chercher un autre si besoin.
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